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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 135
se révéler comme des héros ». Leur « devise orgueilleuse » est toujours pré-
sente à l’esprit de tous : « L’Empire du Soleil Levant doit marcher partout
avec les grandes nations d’Europe, avant si c’est possible, jamais après ».
Aussi, « coûte que coûte, sans hésiter jamais devant les hécatombes de vic-
times », les Japonais restent-ils au premier rang. L’image des marins torpil-
leurs japonais faisant sauter le 14 juillet 1900 la lourde porte de la grosse
muraille de Tien-Tsin à l’aide de torpilles amenées sur de petits chariots, est
restée gravée dans les esprits. Dans le dessin satirique, principal rival des
Russes, le Japonais arrive en seconde position dans le découpage du dragon
chinois.
Après la chute de Tien-Tsin sous l’impulsion des Japonais, le 14 juillet 1900,
les troupes alliées marchent alors sur Pei-tsang, et le 5 août délogent
l’ennemi de ses fortes positions grâce en grande partie aux troupes japonaises
qui attaquent avec fureur les lignes chinoises de front. Les alliés qui ne
comptaient pas aller plus loin sans renforts y sont poussés par les Japonais.
Le 14 août, les contingents étrangers entrent dans Pékin, et les légations sont
secourues avant l’arrivée des renforts. La Chine, c’est le pays du dragon qui
est au centre de toute vie terrestre et céleste. Alors, le 6 octobre 1901, après
la signature du protocole de paix, lorsque l’empereur, l’impératrice douai-
rière, la jeune impératrice, la première concubine et Pou-Tsun, l’héritier im-
périal, quittent leur retraite de Si-ngnan-fou, leur cortège de trois mille cha-
riots emprunte une route dont le tracé, par des courbes, imite le déroulement
du dragon symbolique, ce qui ne participe pas à abréger la durée du voyage.
Pour certains Occidentaux qui pénètrent pour la première fois dans Pékin,
c’est aussi l’image du dragon qui leur saute aux yeux. Un lieutenant français
écrit que les « toitures font l’effet d’être posées sur le sol avec leurs dragons,
leurs chimères horribles, des griffes, des dents pointues, des cornes qui dar-
dent leurs arêtes de tous les côtés, ombres cruelles, hideuses, sataniques ».
De même, les descriptions de la foule évoquent aussi l’image du dragon.
Certains y voient « une foule démoniaque, bariolée, un monstre noir à cent
mille têtes qui se tord, qui fait des bonds, qui s’agite de tous ses anneaux, de
toutes ses antennes, dans la nuit, sous un voile brumeux de poussières ».
Dans la caricature, c’est aussi le dragon qui tient tête aux troupes des grandes
puissances. Si le dragon est le symbole le plus représentatif de la Chine,
d’autres clichés lui font concurrence dont le Chinois avec sa natte qui le dis-
tingue du Japonais : « Au temps de mon enfance, nous distinguions malaisé-
ment un Japonais d’un Chinois : nous éclations du même rire au nez de ces
deux magots, fraternellement baroques dans leurs habits somptueux, si loin-
tains et si étranges qu’on les apercevait sur le même plan, par-delà les con-
fins de notre humanité. Les deux peuples n’avaient-ils pas, à notre estime,
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se révéler comme des héros ». Leur « devise orgueilleuse » est toujours pré-
sente à l’esprit de tous : « L’Empire du Soleil Levant doit marcher partout
avec les grandes nations d’Europe, avant si c’est possible, jamais après ».
Aussi, « coûte que coûte, sans hésiter jamais devant les hécatombes de vic-
times », les Japonais restent-ils au premier rang. L’image des marins torpil-
leurs japonais faisant sauter le 14 juillet 1900 la lourde porte de la grosse
muraille de Tien-Tsin à l’aide de torpilles amenées sur de petits chariots, est
restée gravée dans les esprits. Dans le dessin satirique, principal rival des
Russes, le Japonais arrive en seconde position dans le découpage du dragon
chinois.
Après la chute de Tien-Tsin sous l’impulsion des Japonais, le 14 juillet 1900,
les troupes alliées marchent alors sur Pei-tsang, et le 5 août délogent
l’ennemi de ses fortes positions grâce en grande partie aux troupes japonaises
qui attaquent avec fureur les lignes chinoises de front. Les alliés qui ne
comptaient pas aller plus loin sans renforts y sont poussés par les Japonais.
Le 14 août, les contingents étrangers entrent dans Pékin, et les légations sont
secourues avant l’arrivée des renforts. La Chine, c’est le pays du dragon qui
est au centre de toute vie terrestre et céleste. Alors, le 6 octobre 1901, après
la signature du protocole de paix, lorsque l’empereur, l’impératrice douai-
rière, la jeune impératrice, la première concubine et Pou-Tsun, l’héritier im-
périal, quittent leur retraite de Si-ngnan-fou, leur cortège de trois mille cha-
riots emprunte une route dont le tracé, par des courbes, imite le déroulement
du dragon symbolique, ce qui ne participe pas à abréger la durée du voyage.
Pour certains Occidentaux qui pénètrent pour la première fois dans Pékin,
c’est aussi l’image du dragon qui leur saute aux yeux. Un lieutenant français
écrit que les « toitures font l’effet d’être posées sur le sol avec leurs dragons,
leurs chimères horribles, des griffes, des dents pointues, des cornes qui dar-
dent leurs arêtes de tous les côtés, ombres cruelles, hideuses, sataniques ».
De même, les descriptions de la foule évoquent aussi l’image du dragon.
Certains y voient « une foule démoniaque, bariolée, un monstre noir à cent
mille têtes qui se tord, qui fait des bonds, qui s’agite de tous ses anneaux, de
toutes ses antennes, dans la nuit, sous un voile brumeux de poussières ».
Dans la caricature, c’est aussi le dragon qui tient tête aux troupes des grandes
puissances. Si le dragon est le symbole le plus représentatif de la Chine,
d’autres clichés lui font concurrence dont le Chinois avec sa natte qui le dis-
tingue du Japonais : « Au temps de mon enfance, nous distinguions malaisé-
ment un Japonais d’un Chinois : nous éclations du même rire au nez de ces
deux magots, fraternellement baroques dans leurs habits somptueux, si loin-
tains et si étranges qu’on les apercevait sur le même plan, par-delà les con-
fins de notre humanité. Les deux peuples n’avaient-ils pas, à notre estime,
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