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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 19
productivité des secteurs non modernes et par un effort pour éviter ou minimali-
ser le recul social provoqué par l’expansion du secteur moderne.
Dès lors, la lutte contre la pauvreté, qui n’est qu’un des éléments constitutifs de
l’équité sociale, devient, à court terme, son axe central. La réalisation de l’équité
sociale est un projet à très long terme qui passe par une rationalisation des dé-
penses sociales, plus particulièrement la suppression des services et des droits à
caractère régressif. Cette distinction entre le court terme et le long terme ex-
plique pourquoi les politiques proposées pour promouvoir l’équité coïncident
dans leurs grandes lignes avec les politiques de lutte contre la pauvreté : investis-
sements dans les ressources humaines, augmentation de l’emploi productif, ser-
vices et transferts sociaux. Ceci dit, la CEPAL maintient le lien avec un projet de
développement économique et social plus englobant. L’équité sociale comprend
la lutte contre la pauvreté, mais aussi des mesures de redistribution afin de sur-
monter l’hétérogénéité structurelle au moyen de l’intégration de tous les secteurs
28
marginalisés aux activités à productivité croissante .
e
La CEPAL a continué au début du XXI siècle à développer cette nouvelle pen-
sée sur le développement. D’une part, au niveau économique est développé un
concept de « régionalisme » ouvert, axé sur la coopération entre les États
membres et sur l’exportation. La dimension structurelle des problèmes du sous-
continent est confirmée, l’échec des politiques néo-libérales est constaté et une
29
revendication de politiques contra-cycliques se fait jour . D’autre part, au niveau
social la CEPAL publie des rapports sur la « brèche » d’équité et l’importance de
la citoyenneté sociale tandis que la problématique des inégalités est mise en
lumière. La CEPAL commence aussi à développer des idées pour une nouvelle
30
sécurité sociale .
VII. Le développement aujourd’hui
Aujourd’hui, trois tendances se manifestent en Amérique latine. D’une part, la
pensée institutionnelle essentiellement promue par la CEPAL continue sur son
chemin structuraliste. Ayant constaté l’échec des politiques du Consensus de
Washington, la CEPAL propose un « Consensus de Santiago ». Elle propose de
chercher un meilleur équilibre entre le marché et l’intérêt public, en tentant de
remédier aux défaillances du marché et à celles de l’État. L’économie mondiale,
31
constate-t-on, doit être civilisée . L’État doit coopérer avec le secteur privé afin
de promouvoir un processus d’industrialisation.
28 CEPAL, 1990, op. cit., p. 15.
29 CEPAL, 1994, op. cit.
30 CEPAL, La Brecha de equidad: una segunda evaluación, Santiago de Chile, Naciones Unidas,
2000; CEPAL, Equidad, desarrollo y ciudadanía, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 2000b;
CEPAL, La protección social de cara al futuro:acceso, financiamiento y solidaridad, Santiago de
Chile, Naciones Unidas, 2006; CEPAL, La hora de la igualdad, Santiago de Chile, Naciones Unidas,
2010.
31 J. A. Ocampo, Retomar la Agenda del Desarrollo, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 2001, p. 3.
RIMD – n o 2 – 2011
productivité des secteurs non modernes et par un effort pour éviter ou minimali-
ser le recul social provoqué par l’expansion du secteur moderne.
Dès lors, la lutte contre la pauvreté, qui n’est qu’un des éléments constitutifs de
l’équité sociale, devient, à court terme, son axe central. La réalisation de l’équité
sociale est un projet à très long terme qui passe par une rationalisation des dé-
penses sociales, plus particulièrement la suppression des services et des droits à
caractère régressif. Cette distinction entre le court terme et le long terme ex-
plique pourquoi les politiques proposées pour promouvoir l’équité coïncident
dans leurs grandes lignes avec les politiques de lutte contre la pauvreté : investis-
sements dans les ressources humaines, augmentation de l’emploi productif, ser-
vices et transferts sociaux. Ceci dit, la CEPAL maintient le lien avec un projet de
développement économique et social plus englobant. L’équité sociale comprend
la lutte contre la pauvreté, mais aussi des mesures de redistribution afin de sur-
monter l’hétérogénéité structurelle au moyen de l’intégration de tous les secteurs
28
marginalisés aux activités à productivité croissante .
e
La CEPAL a continué au début du XXI siècle à développer cette nouvelle pen-
sée sur le développement. D’une part, au niveau économique est développé un
concept de « régionalisme » ouvert, axé sur la coopération entre les États
membres et sur l’exportation. La dimension structurelle des problèmes du sous-
continent est confirmée, l’échec des politiques néo-libérales est constaté et une
29
revendication de politiques contra-cycliques se fait jour . D’autre part, au niveau
social la CEPAL publie des rapports sur la « brèche » d’équité et l’importance de
la citoyenneté sociale tandis que la problématique des inégalités est mise en
lumière. La CEPAL commence aussi à développer des idées pour une nouvelle
30
sécurité sociale .
VII. Le développement aujourd’hui
Aujourd’hui, trois tendances se manifestent en Amérique latine. D’une part, la
pensée institutionnelle essentiellement promue par la CEPAL continue sur son
chemin structuraliste. Ayant constaté l’échec des politiques du Consensus de
Washington, la CEPAL propose un « Consensus de Santiago ». Elle propose de
chercher un meilleur équilibre entre le marché et l’intérêt public, en tentant de
remédier aux défaillances du marché et à celles de l’État. L’économie mondiale,
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constate-t-on, doit être civilisée . L’État doit coopérer avec le secteur privé afin
de promouvoir un processus d’industrialisation.
28 CEPAL, 1990, op. cit., p. 15.
29 CEPAL, 1994, op. cit.
30 CEPAL, La Brecha de equidad: una segunda evaluación, Santiago de Chile, Naciones Unidas,
2000; CEPAL, Equidad, desarrollo y ciudadanía, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 2000b;
CEPAL, La protección social de cara al futuro:acceso, financiamiento y solidaridad, Santiago de
Chile, Naciones Unidas, 2006; CEPAL, La hora de la igualdad, Santiago de Chile, Naciones Unidas,
2010.
31 J. A. Ocampo, Retomar la Agenda del Desarrollo, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 2001, p. 3.
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