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16 | Repenser le développement en Amérique latine

promouvoir, en concertation avec le secteur privé, des politiques sectorielles afin
de réaliser des complémentarités stratégiques. Pour la CEPAL, une bonne poli-
tique économique au niveau macro n’est possible que grâce à une bonne poli-
tique économique au niveau méso. Les projets de développement national ne
doivent pas être abandonnés, mais ils doivent s’intégrer au contexte régional.
Dans cette perspective, il est évident que l’État doit continuer de jouer un rôle
central dans la mise en place de la nouvelle stratégie, bien que la réforme de
l’État doive devenir une priorité. La CEPAL souligne que les politiques des
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pouvoirs publics ne sont pas synonymes d’étatisme . Elle souhaite avant tout
une désidéologisation des thèmes de l’intervention publique dans le développe-
ment. La distribution des tâches entre le secteur public et le secteur privé doit
être le résultat de la dynamique des interactions entre les différents acteurs. Elle
ne peut être définie ex ante. Ce pragmatisme de la CEPAL se fonde sur un des
axes essentiels de son projet de développement, à savoir la « concertation straté-
gique ». Pour la CEPAL, il ne s’agit pas de rechercher un intérêt commun, mais
bien un consensus au moyen de la concertation. La mise en œuvre des pro-
grammes de développement doit être le résultat d’une série d’accords explicites
et à long terme, à conclure entre l’État et les principaux acteurs politiques, éco-
nomiques et sociaux. La CEPAL ne pense pas exclusivement en termes de lutte
contre la pauvreté, mais son projet implique des transformations structurelles. Il
ne peut compter exclusivement sur les forces du marché mais doit s’orienter vers
une démocratie intégratrice. La CEPAL mise sur la concertation et sur un appui
aussi large que possible à ses projets, ce qui confirme le caractère intégré d’un
développement dans lequel les dimensions politique, économique et sociale se
renforcent mutuellement. « Le maintien de la cohésion sociale pose des limites
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claires au contenu des politiques et des stratégies économiques » .

V. La lutte contre la pauvreté

La Banque mondiale, dont le président McNamara avait annoncé en 1973 qu’en
l’an 2000 la pauvreté dans le monde serait éradiquée, lance en 1990 un nouveau
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programme de lutte contre la pauvreté . Tout en constatant que le développe-
ment dans la période 1960 à 1990 avait été un grand succès, en termes de crois-
sance et d’indicateurs sociaux, elle propose d’introduire de nouvelles politiques
axées sur la réduction de la pauvreté. Bien qu’elle ne dispose pas de statistiques
fiables sur la pauvreté mondiale, elle l’estime à quelque un milliard et cent mil-



16 S. J. Burki, S. Edwards, Dismantling the populist State. The Unfinished Revolution in Latin
America and the Caribbean, World Bank Latin American and Caribbean Studies, Washington, The
World Bank, 1996.
17 CEPAL, 1990, op. cit., p. 13.
18 Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde. La Pauvreté, Washington, La
Banque mondiale, 1990.

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