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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 21
En effet, dans cette logique, la nature a des droits, car elle est de la plus grande
importance pour la préservation de la vie. Cette vie ne concerne donc pas seule-
ment l’« homo oeconomicus », la croissance et la rentabilité cessent d’être les
objectifs de l’économie. La constitution reconnaît l’équivalence de la production
et de la reproduction, car les deux sont tout aussi nécessaires pour la préservation
de la vie.
e
Le socialisme du XXI siècle en Équateur se réfère avant tout à la suprématie de
la vie, celle de la nature et celle du genre humain, non pas en tant que facteurs de
production mais en tant que fin en soi. Il s’ensuit que le « buen vivir » mène à
l’élargissement des droits et des libertés et à de nouvelles formes de coopération
afin de réaliser une justice intergénérationnelle, économique et démocratique.
Cette coopération est la manifestation d’un avenir partagé.
Au centre du nouveau concept se trouve l’économie sociale et solidaire. Même si
c’est l’État qui doit garantir les droits et doit les mettre à la disposition de tous
des services sociaux, la dynamique doit venir d’en bas et d’une économie qui ne
vise plus exclusivement le profit mais qui est basée sur la solidarité et qui est
même (partiellement) démonétisée. Il s’agit avant tout de valoriser le travail des
femmes et des petits producteurs et de laisser le pouvoir de décision aux indivi-
dus et aux communautés.
e
Le socialisme du XXI siècle ne se réfère donc nullement à la collectivisation des
moyens de production, au contraire même. Dans les secteurs d’exportation, no-
tamment les secteurs pétroliers et miniers, l’État a mieux régulé les activités
d’extraction et revendique une meilleure rémunération des sociétés multinatio-
nales qui travaillent sur son territoire. En ce qui concerne la propriété, la nou-
velle Constitution équatorienne parle de propriété privée, publique, mixte et coo-
pérative.
Cette nouvelle logique et cette nouvelle pensée peuvent mener à un autre type de
société et à un autre type d’économie. Toutes les questions traditionnelles con-
cernant le socialisme et le capitalisme sont repositionnées et perdent beaucoup de
leur pertinence. Le capitalisme n’est pas éliminé, mais il devra fonctionner doré-
navant selon une autre logique, suite aux multiples significations qui l’ont tra-
versé. Dans ce sens le programme équatorien est à la fois radical et pragma-
32
tique . Enfin, une troisième tendance se manifeste à travers le postdéveloppe-
e
ment. Si intéressant soit-il, ce projet de « socialisme du XXI siècle » n’est pas
aussi simple à réaliser et il comporte de nombreuses contradictions. Comment
garantir les « droits de la nature » et continuer à exploiter le pétrole et le gaz ?
Comment garantir les droits économiques et sociaux et en même temps démoné-
tiser une partie de l’économie ? De plus, comment éviter que l’économie soli-
daire se développe en parallèle avec l’économie capitaliste sans l’influencer,
voire, se développe au service de cette économie capitaliste comme c’est le cas
32 M. León, « El "buen vivir": objetivo y camino para otro modelo », in I. León (coord.), Sumak
Kawsay/Buen Vivir y cambios civilizatorios, Quito, FEDAEPS, 2010.
RIMD – n o 2 – 2011
En effet, dans cette logique, la nature a des droits, car elle est de la plus grande
importance pour la préservation de la vie. Cette vie ne concerne donc pas seule-
ment l’« homo oeconomicus », la croissance et la rentabilité cessent d’être les
objectifs de l’économie. La constitution reconnaît l’équivalence de la production
et de la reproduction, car les deux sont tout aussi nécessaires pour la préservation
de la vie.
e
Le socialisme du XXI siècle en Équateur se réfère avant tout à la suprématie de
la vie, celle de la nature et celle du genre humain, non pas en tant que facteurs de
production mais en tant que fin en soi. Il s’ensuit que le « buen vivir » mène à
l’élargissement des droits et des libertés et à de nouvelles formes de coopération
afin de réaliser une justice intergénérationnelle, économique et démocratique.
Cette coopération est la manifestation d’un avenir partagé.
Au centre du nouveau concept se trouve l’économie sociale et solidaire. Même si
c’est l’État qui doit garantir les droits et doit les mettre à la disposition de tous
des services sociaux, la dynamique doit venir d’en bas et d’une économie qui ne
vise plus exclusivement le profit mais qui est basée sur la solidarité et qui est
même (partiellement) démonétisée. Il s’agit avant tout de valoriser le travail des
femmes et des petits producteurs et de laisser le pouvoir de décision aux indivi-
dus et aux communautés.
e
Le socialisme du XXI siècle ne se réfère donc nullement à la collectivisation des
moyens de production, au contraire même. Dans les secteurs d’exportation, no-
tamment les secteurs pétroliers et miniers, l’État a mieux régulé les activités
d’extraction et revendique une meilleure rémunération des sociétés multinatio-
nales qui travaillent sur son territoire. En ce qui concerne la propriété, la nou-
velle Constitution équatorienne parle de propriété privée, publique, mixte et coo-
pérative.
Cette nouvelle logique et cette nouvelle pensée peuvent mener à un autre type de
société et à un autre type d’économie. Toutes les questions traditionnelles con-
cernant le socialisme et le capitalisme sont repositionnées et perdent beaucoup de
leur pertinence. Le capitalisme n’est pas éliminé, mais il devra fonctionner doré-
navant selon une autre logique, suite aux multiples significations qui l’ont tra-
versé. Dans ce sens le programme équatorien est à la fois radical et pragma-
32
tique . Enfin, une troisième tendance se manifeste à travers le postdéveloppe-
e
ment. Si intéressant soit-il, ce projet de « socialisme du XXI siècle » n’est pas
aussi simple à réaliser et il comporte de nombreuses contradictions. Comment
garantir les « droits de la nature » et continuer à exploiter le pétrole et le gaz ?
Comment garantir les droits économiques et sociaux et en même temps démoné-
tiser une partie de l’économie ? De plus, comment éviter que l’économie soli-
daire se développe en parallèle avec l’économie capitaliste sans l’influencer,
voire, se développe au service de cette économie capitaliste comme c’est le cas
32 M. León, « El "buen vivir": objetivo y camino para otro modelo », in I. León (coord.), Sumak
Kawsay/Buen Vivir y cambios civilizatorios, Quito, FEDAEPS, 2010.
RIMD – n o 2 – 2011