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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 17
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lions de personnes et elle la définit essentiellement comme « un déficit de dé-
veloppement » et un manque d’accès aux services sociaux de base.
Le PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement) de son côté
introduit en 1990 son concept de « développement humain » avec un indicateur
20
mixte alliant le produit intérieur brut à l’espérance de vie et à l’alphabétisation .
Il définit le développement humain comme étant l’élargissement de la palette de
choix des individus. Il se présente comme un nouveau paradigme du dévelop-
pement, alliant l’économique au social et en mettant l’accent sur le rôle impor-
tant que doivent jouer la société civile et la participation démocratique.
En 1995 a lieu à Copenhague le premier sommet de l’ONU sur le développement
social. Son programme d’action contient trois chapitres équivalents, notamment
21
la pauvreté, l’emploi et l’intégration sociale . Bien que clairement influencé par
le néo-libéralisme triomphant de l’époque, il contient aussi des appels répétés au
plein emploi et à la sécurité sociale. Cependant, 1995 est aussi l’année où un
accord mondial est trouvé pour faire de la lutte contre la pauvreté la grande prio-
rité de la coopération au développement. En 1996, l’Organisation pour la Coopé-
ration et le Développement économiques (OCDE) propose dans son rapport
e
annuel sur la coopération un programme pour le XXI siècle avec sept indica-
22
teurs internationaux de développement . Ceux-ci seront repris – avec d’autres
objectifs – dans la Déclaration du Sommet du Millénaire adoptée par
l’Assemblée générale de l’ONU en 2000 et ils seront la base pour les « Objectifs
23
du Millénaire pour le développement » qui s’ensuivaient .
L’analyse de ces différents documents démontre clairement un changement si-
gnificatif dans la pensée sur le développement. Si la Banque mondiale et le FMI
mettent l’accent sur la lutte contre la pauvreté et changent leur « facilité renfor-
cée d’ajustement structurel » en une « facilité de croissance et de lutte contre la
24
pauvreté », ils ne changent d’aucune façon leurs politiques . Les pays pauvres
doivent dorénavant introduire un « DSRP » (Document stratégique de croissance
et de réduction de la pauvreté) pour obtenir un aménagement ou éventuellement
une annulation partielle de leur dette, mais ces DSRP contiennent tous les élé-
ments des anciens « ajustements structurels ». Tout indique que « la pauvreté »
ne sert que d’étiquette morale aux politiques de mondialisation néo-libérale.
La pratique des institutions financières et de la coopération au développement a
confirmé cette analyse. Ce sont les mêmes politiques que celles des années 1980
19 Banque mondiale, 1990, op. cit., p. 33.
20 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Paris, Economica, 1990.
21 Nations unies, Rapport sur le Sommet mondial pour le développement social, Copenhague, 6-12
mars 1995, Doc. A/CONF.166/9.
22 OECD, Development Cooperation. Efforts and policies of the members of the Development
Assistance Committee, Report 1996, Paris, OECD, 1996.
23 United Nations, United Nations Millennium Declaration, Resolution G.A. 55/2, 18 September
2000; Millennium Development Goals: www.un.org/millenniumgoals/.
24 « PRGF was meant to more than a name change … but the IMF gravitated back to business as
usual », IMF/Independent Evaluation Office, IMF and aid to Subsaharan Africa, Washington, IMF,
2007.
RIMD – n o 2 – 2011
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lions de personnes et elle la définit essentiellement comme « un déficit de dé-
veloppement » et un manque d’accès aux services sociaux de base.
Le PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement) de son côté
introduit en 1990 son concept de « développement humain » avec un indicateur
20
mixte alliant le produit intérieur brut à l’espérance de vie et à l’alphabétisation .
Il définit le développement humain comme étant l’élargissement de la palette de
choix des individus. Il se présente comme un nouveau paradigme du dévelop-
pement, alliant l’économique au social et en mettant l’accent sur le rôle impor-
tant que doivent jouer la société civile et la participation démocratique.
En 1995 a lieu à Copenhague le premier sommet de l’ONU sur le développement
social. Son programme d’action contient trois chapitres équivalents, notamment
21
la pauvreté, l’emploi et l’intégration sociale . Bien que clairement influencé par
le néo-libéralisme triomphant de l’époque, il contient aussi des appels répétés au
plein emploi et à la sécurité sociale. Cependant, 1995 est aussi l’année où un
accord mondial est trouvé pour faire de la lutte contre la pauvreté la grande prio-
rité de la coopération au développement. En 1996, l’Organisation pour la Coopé-
ration et le Développement économiques (OCDE) propose dans son rapport
e
annuel sur la coopération un programme pour le XXI siècle avec sept indica-
22
teurs internationaux de développement . Ceux-ci seront repris – avec d’autres
objectifs – dans la Déclaration du Sommet du Millénaire adoptée par
l’Assemblée générale de l’ONU en 2000 et ils seront la base pour les « Objectifs
23
du Millénaire pour le développement » qui s’ensuivaient .
L’analyse de ces différents documents démontre clairement un changement si-
gnificatif dans la pensée sur le développement. Si la Banque mondiale et le FMI
mettent l’accent sur la lutte contre la pauvreté et changent leur « facilité renfor-
cée d’ajustement structurel » en une « facilité de croissance et de lutte contre la
24
pauvreté », ils ne changent d’aucune façon leurs politiques . Les pays pauvres
doivent dorénavant introduire un « DSRP » (Document stratégique de croissance
et de réduction de la pauvreté) pour obtenir un aménagement ou éventuellement
une annulation partielle de leur dette, mais ces DSRP contiennent tous les élé-
ments des anciens « ajustements structurels ». Tout indique que « la pauvreté »
ne sert que d’étiquette morale aux politiques de mondialisation néo-libérale.
La pratique des institutions financières et de la coopération au développement a
confirmé cette analyse. Ce sont les mêmes politiques que celles des années 1980
19 Banque mondiale, 1990, op. cit., p. 33.
20 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Paris, Economica, 1990.
21 Nations unies, Rapport sur le Sommet mondial pour le développement social, Copenhague, 6-12
mars 1995, Doc. A/CONF.166/9.
22 OECD, Development Cooperation. Efforts and policies of the members of the Development
Assistance Committee, Report 1996, Paris, OECD, 1996.
23 United Nations, United Nations Millennium Declaration, Resolution G.A. 55/2, 18 September
2000; Millennium Development Goals: www.un.org/millenniumgoals/.
24 « PRGF was meant to more than a name change … but the IMF gravitated back to business as
usual », IMF/Independent Evaluation Office, IMF and aid to Subsaharan Africa, Washington, IMF,
2007.
RIMD – n o 2 – 2011