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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 15

documents complémentaires et d’études plus détaillées furent publiés pour con-
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crétiser la proposition initiale .
Le bilan établi par la CEPAL des années 1980 n’est pas totalement négatif.
Certes, en 1989, le revenu par habitant de la région se situe à son niveau de 1973,
mais des progrès précaires et indéniables ont été faits au niveau économique. Au
niveau politique, toujours selon la CEPAL, la consolidation des démocraties
après les dictatures militaires, le développement de sociétés pluralistes et partici-
patives, ainsi que la désidéologisation progressive du débat politique et écono-
mique permettent un optimisme certain. Le défi pour les années 1990, constate-t-
on, consiste à retrouver le chemin d’accès au développement, un développement
qui sera nécessairement intégré et qui ne peut faire l’impasse d’un renforcement
des processus démocratiques, d’une amélioration de la distribution des revenus et
d’une croissance durable du point de vue environnemental.
Selon le nouveau projet, si le développement a besoin de croissance économique,
il doit avant tout se baser sur une transformation des structures productives
orientée vers l’homogénéisation des niveaux de productivité. Par rapport au
structuralisme conçu par Prebisch et axé sur la substitution des importations, le
projet appelé « néo-structuraliste » des années 1990 est axé sur les exportations.
La concurrence internationale constitue un objectif et un moyen pour réaliser un
développement capable d’améliorer le niveau de vie de l’ensemble de la popula-
tion. Cependant, un développement intégré qui appréhende les dimensions éco-
nomiques, sociales et politiques comme étant interdépendantes, implique que
cette concurrence soit structurelle et ne se fonde pas sur la dépréciation des sa-
laires. La CEPAL mise sur le progrès technique et la propagation de la logique
industrielle auprès de l’ensemble de la société et des entreprises.
Malgré une convergence assez large avec les politiques introduites par les insti-
tutions de Bretton Woods, le projet de la CEPAL reste fidèle à son approche
structuraliste. Elle accepte la nécessité des équilibres macroéconomiques mais
elle continue d’attribuer les problèmes économiques de la région aux distorsions
structurelles que la voie unique du marché ne peut résoudre. Elle accepte la né-
cessité d’une ouverture vers l’extérieur, sans toutefois renoncer aux projets
d’industrialisation et de progrès technique. Le développement vers l’extérieur ne
peut venir que de l’intérieur, notamment des secteurs économiques qui doivent
générer un processus d’accumulation endogène pour doter les pays d’une capa-
cité de décision propre. C’est le contexte dans lequel il faut interpréter le désir de


15 CEPAL, Sustainable Development: changing production patterns, social equity and the environment,
Santiago de Chile, Naciones Unidas, 1991; Women in Latin America and the Caribbean: the
challenge of changing production patterns with social equity, Santiago de Chile, Naciones Unidas,
1991b; Social Equity and changing production patterns: an integrated approach, Santiago de Chile,
Naciones Unidas, 1992; Education and knowledge: basic pillars of changing production patterns
with social equity, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 1992 ; Population, social equity and
changing production patterns, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 1993; Open regionalism in Latin
America and the Caribbean. Economic Integration as a contribution to changing production patterns
with social equity, Santiago de Chile, Naciones Unidas, 1994.

RIMD – n o 2 – 2011
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