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20 | Repenser le développement en Amérique latine

Les déséquilibres structurels n’ont pas été éliminés, le libre-échange ne contribue
pas au « rattrapage » car les termes de l’échange continue de se détériorer. L’État
doit continuer à jouer un rôle important afin de réaliser l’homogénéisation des
structures de productivité.
Pour la CEPAL, le développement sera toujours un processus parallèle dans les
domaines politique, économique et social.
Les États, et plus particulièrement les plus faibles, doivent se chercher une auto-
nomie nationale afin de décider des marges souhaitées pour un développement
économique et social autodéterminé.
Il n’y a pas de sens, selon la CEPAL, à promouvoir la démocratie si les proces-
sus démocratiques ne peuvent servir à la décision sur les stratégies de dévelop-
pement.
Dans le domaine des politiques sociales, la CEPAL propose aujourd’hui une
sécurité sociale universelle, basée sur l’idée de la citoyenneté sociale et consti-
tuée de systèmes contributifs et non-contributifs. Si l’accent continue d’être mis
sur l’importance de la lutte contre la pauvreté, celle-ci est mise en rapport avec le
respect des droits sociaux et la conclusion d’un pacte social. Le caractère univer-
sel de la protection sociale n’est pas en contradiction avec un certain ciblage,
aussi longtemps que personne n’est exclu de la protection. Cela suppose le dé-
veloppement des marchés du travail et l’augmentation des charges fiscales.
D’autre part, trois pays d’Amérique latine se déclarent aujourd’hui partisans d’un
e
développement du « socialisme du XXI siècle ». Le Vénézuela, la Bolivie et
l’Équateur sont très différents l’un de l’autre, mais, tous les trois sont des expor-
tateurs d’hydrocarbures, ce qui leur fournit des revenus d’exportations impor-
tants. Tous les trois ont également commencé à développer leurs politiques so-
ciales, avec des centres de soins de santé, des transferts monétaires, ou encore
des pensions de base. Les trois pays ont également considérablement modifié
leur constitution de manière participative et démocratique, afin qu’elle reflète
mieux les nouvelles aspirations des peuples. Si Hugo Chavez du Venezuela est le
président qui se réfère le plus souvent au « socialisme », les deux autres prési-
dents se concentrent sur l’introduction de nouvelles pratiques politiques et sur la
recherche d’un nouveau paradigme de « développement ». Leur concept clé est
celui de « buen vivir » (la bonne vie) qui est la traduction d’un concept des
peuples indigènes, à savoir le « sumak kawsay ».
Selon l’article 12 de la nouvelle Constitution de l’Équateur, ce « buen vivir » est
désormais l’objectif de toutes les politiques et cela concerne le droit à l’eau, à
l’alimentation, à un environnement propre, à l’éducation, à la santé… L’État est
responsable de la garantie de ces droits et les respectera tout au long de la vie des
citoyens et en participation avec eux.
En Équateur, l’économie du « buen vivir » est une économie de et pour la vie.
Toute vie est prioritaire, et donc aussi la nature. Cette priorité donnée à la vie
mène à un autre regard sur l’économie, sur la production et sur la reproduction.



RIMD – n o 2 – 2011
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