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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 35

Enfin, l’approche participative, pour qu’elle soit effective, nécessite une grande
compétence et de l’expérience du contexte de l’étude. Au niveau des projets de
développement, la mise en œuvre d’approches participatives constitue un coût
supplémentaire et allonge la durée de mise en œuvre des projets. Cependant, la
participation des populations est de plus en plus exigée par les bailleurs de fonds
et constitue pour ces derniers un garant de la qualité des politiques financées. À
ce titre, l’approche participative fait à présent partie de toute conception de pro-
jets de qualité. Pourtant, elle est loin d’être systématiquement intégrée aux pro-
cessus d’identification des besoins.


III. L’approche anthropologique comme une alternative aux limites de
l’approche participative dans les pays pauvres

L’objet d’étude qui aboutit à la compréhension empirique de la pauvreté et à
l’identification des besoins des populations pauvres est l’observation du quoti-
dien des populations. Cette idée est réaffirmée à travers les travaux menés par J-
P. O. de Sardan et F. Sabelli qui insistent sur l’importance de l’approche anthro-
pologique dans la compréhension des comportements économiques et sociaux au
niveau local. Tel que le souligne J.-P. O. de Sardan, « les processus de change-
ment social et de développement mettent nécessairement en rapport des normes
hétérogènes, des cultures et des sous-cultures hétérogènes, des systèmes de va-
leurs hétérogènes, des configurations de savoirs et de représentations hétéro-
gènes, des systèmes d’actions hétérogènes, des stratégies et des logiques sociales
hétérogènes » (J.-P. O. de Sardan : 47).
L’étude de la pauvreté et l’identification des besoins des populations cibles, en
privilégiant l’approche de l’anthropologie sociale, permettent de saisir les spéci-
ficités locales à partir de la description du vécu quotidien des populations. Elle
permet ainsi de dépasser les limites de l’approche participative dans les contextes
où cette dernière ne peut être mise en œuvre pour les raisons évoquées dans cet
exposé et se veut être, à défaut d’une alternative, une approche complémentaire.
Elle va même au-delà de cette dernière dans la mesure où elle permet de mettre
en évidence les évènements plus ou moins inconscients qui contribuent à la ma-
nifestation du phénomène de pauvreté. En effet, elle permet de comprendre le
sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux évènements auxquels ils
sont confrontés, la description de leurs systèmes de valeurs, de leurs repères
normatifs et de leurs interprétations des situations caractéristiques de « pauvre-
té ».
Elle constitue un outil d’analyse d’une situation et de facteurs précis à travers la
reconstitution de processus d’action, d’expériences et d’événements historiques.
Cette approche est d’autant plus pertinente, car elle donne les moyens d’analyser
le non-verbal, le langage du corps et ce qu’il révèle comme les conduites insti-
tuées, les codes comportementaux, le rapport au corps, les modes de vie et les
traits culturels ainsi que l’organisation spatiale des groupes et de la société. La


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