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32 | Repenser le développement en Afrique

L’approche participative permet également de dépasser le simple constat des
besoins pour les insérer dans leur contexte. Ainsi, l’approche permet de souligner
de quelle façon et dans quelles conditions les différentes précarités interagissent
et se renforcent mutuellement, et aussi les réactions, positives et négatives, que
cela entraîne chez les personnes concernées. Cette reconstitution des trajectoires
de vie est la seule à même de révéler la diversité des situations et des enchaîne-
ments caractéristiques du phénomène de pauvreté au niveau local.
Ainsi le concept de processus participatif suppose l’implication active de
l’ensemble des acteurs de la société dans l’élaboration, le suivi mais aussi idéa-
lement, dans la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la pauvreté. Cette
démarche, désignée en anglais sous le terme d’empowerment, est censée donner
aux pauvres l’opportunité d’influencer les politiques qui affectent leurs condi-
tions de vie, en permettant de mieux identifier et prendre en compte leurs pro-
blèmes et leurs attentes spécifiques.
Le processus participatif est donc à juste titre considéré comme un moyen pou-
vant garantir l’efficacité de la stratégie de lutte contre la pauvreté et sa réalisation
effective. Elle favorise également une meilleure appropriation des politiques.
C’est également un facteur de renforcement de la démocratie, car il consiste à
associer dans le cadre d’un processus consultatif la société civile à la définition
et au suivi des politiques, avec pour objectif de renforcer le débat démocratique
et donc la légitimité autant que l’efficacité des politiques. Il donne à la société
civile une occasion de s’exprimer et de faire surgir des problèmes et des opinions
qui sans cela n’auraient pu émerger.
L’implication de la population cible dans la compréhension des causes de la
pauvreté et l’identification des besoins apparaît comme une évidence. Malgré
cette évidence, il ne faut pas dissimuler que réussir cette participation des popu-
lations pauvres est une entreprise ambitieuse et difficile au point que, en tant que
telle, l’approche participative est peu utilisée, car objet de nombreuses con-
traintes.

II. Les principales contraintes de l’approche participative


A. La qualité de la participation des populations est dépendante des ca-
2
pacités de la société civile
La participation de la population passe par une action collective structurée par les
acteurs de la société civile. Ainsi, la qualité de la participation des populations
est étroitement liée aux capacités de la société civile à organiser et structurer un
débat constructif. De façon générale, la participation des populations est effective
lorsque sept conditions sont remplies par la société civile, à savoir : (i) la repré-


2 La société civile comprend les réseaux, les organisations non gouvernementales (ONG), les
organisations communautaires, les syndicats et associations professionnelles, les institutions
académiques et les groupes de recherche.

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