Page 31 - RIMD_2011-2
P. 31
Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 31

rôle de la culture en tant que facteur déterminant les moyens de production d’un
individu.
A. Sen (1993) et R. Chambers (1990), en introduisant la dimension sociocultu-
relle de la pauvreté dans le cadre de sa compréhension empirique invitent le
chercheur et l’expert international à se saisir du sujet, non pas dans le but de
circonscrire le phénomène de pauvreté à une définition stricto sensu, mais avec
la motivation évidente d’insister sur son caractère relatif et sa dimension socio-
culturelle en soulignant l’importance du rôle de la culture dans la manifestation
du phénomène de pauvreté.


B. L’implication de la population est donc essentielle à la compréhen-
sion de la pauvreté

Il est désormais admis que la compréhension de la pauvreté revêt un caractère
local. Désormais, l’implication des populations dans la recherche et la maîtrise
des causes de la pauvreté à travers une observation dynamique des conditions de
vie locales des populations constitue un élément conditionnant la compréhension
empirique du phénomène de pauvreté. Cette approche constitue un préalable
indispensable à l’identification des besoins des populations cibles et la concep-
tion de politiques de lutte contre la pauvreté en faveur des groupes vulnérables.
À ces niveaux, l’implication des populations repose sur la pratique d’une ap-
proche participative des populations concernées.
Cette approche nécessite l’observation et l’analyse approfondie des causes et des
facteurs de la pauvreté au niveau local, voir micro-local en donnant la parole aux
populations. Elle repose ainsi sur la perception de la population de ses conditions
de vie et sa pleine participation à l’identification de ses besoins ainsi qu’à
l’élaboration de politiques publiques dont elle sera bénéficiaire. L’approche
participative consiste à aller à la recherche et à la rencontre des plus pauvres pour
établir avec eux leurs besoins et aspirations prioritaires. Elle ne peut d’aucune
façon se résumer à la simple consultation des plus pauvres sur la base
d’indicateurs préétablis. Cette approche introduit ainsi une dimension qualitative
des besoins identifiés et une compréhension approfondie des conditions de vie
privilégiant l’expérience vécue et la perception que les pauvres ont de leur propre
précarité.
Cette approche est donc indissociable d’une meilleure connaissance de la pauvre-
té qui se traduit par une connaissance et une analyse des besoins et modes de vie
au niveau local et microlocal, les besoins étant identifiés par ceux qui vivent la
pauvreté. Conséquemment, les études menées en Afrique subsaharienne reposant
sur une approche participative des populations pauvres identifient des besoins
d’ordres sociaux généralement non identifiés par les études classiques telles que
le besoin de liberté, de dignité, d’évoluer dans un environnement caractérisé par
une sécurité physique ou encore le besoin d’accès aux médias (radio).




RIMD – n o 2 – 2011
   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36