Page 29 - RIMD_2011-2
P. 29
Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 29
sciences sociales. De nombreuses recherches abordent le sujet en privilégiant
tantôt un corpus économique, politique, philosophique, sociologique ou anthro-
pologique. Malgré la diversité des publications répertoriées, il est remarquable
de souligner deux approches prédominantes dans la littérature relative à
1
l’appréhension empirique de la pauvreté : l’approche monétaire ou utilitariste et
l’approche non monétaire continuent de dominer le quorum des recherches en-
treprises dans ce domaine depuis les années soixante-dix.
L’approche monétaire a été développée par les welfaristes ou utilitaristes tandis
que l’approche non monétaire a été élaborée à partir de sa critique, reprochant
aux précédents de faire l’impasse sur les aspects non matériels de la pauvreté.
Outre les méthodologies et les indicateurs développés, ces deux approches se
distinguent par la définition de la notion de pauvreté. L’approche utilitariste
considérant pour point focal un niveau de revenu et de consommation s’oppose à
l’approche non monétaire qui fait référence à l’environnement sociétal du sujet à
travers notamment la notion de biens sociaux. Malgré l’abondance des travaux
réalisés, les approches développées suscitent toujours un niveau élevé
d’ambiguïté dans la compréhension empirique et l’analyse de la pauvreté lors-
qu’il s’agit de contextualiser cette dernière, c’est-à-dire en considérant le phé-
nomène à partir de l’observation du vécu des populations et donc des caractéris-
tiques économiques et sociales.
Les deux approches prépondérantes de la pauvreté se fondent respectivement sur
les concepts de bien-être et de l’utilité. Malgré leurs apparentes divergences, les
deux approches convergent pour définir la pauvreté par un manque. Le débat
conceptuel de la pauvreté apparaît lorsque l’on aborde la nature de la « chose
manquante ». Les tergiversations sur la nature et le niveau de ce qui ne doit pas
manquer à un individu investissent la question du champ social en faisant direc-
tement référence aux opportunités de chacun et à la détermination d’un seuil
monétaire à partir duquel un membre de la société est caractérisé comme
« pauvre » ou « non pauvre ».
De façon plus globale, les approches de la pauvreté en Afrique investissent le
corpus politique à travers la conception des politiques de développement élabo-
rées et mises en œuvre sur ce continent conjointement par les institutions interna-
tionales et les gouvernements. Pour cette raison, la compréhension empirique de
la pauvreté privilégie l’outil statistique comme moyen d’évaluation et d’analyse
du degré de pauvreté dans une société donnée afin de permettre d’identifier les
membres de la société qu’il est nécessaire de considérer comme pauvres.
Malgré cette évolution significative, ce sont les années 1990 qui illustrent un
tournant majeur dans le discours relatif à la pauvreté. En effet, ce n’est qu’à
partir des années 1990 que la réduction de la pauvreté devient un enjeu majeur
des politiques économiques élaborées et mises en œuvre par les institutions in-
ternationales. Ce changement est initié par l’étroite collaboration entre Amartya
1 Dans le texte, le terme utilitariste renvoie directement à l’approche monétaire.
RIMD – n o 2 – 2011
sciences sociales. De nombreuses recherches abordent le sujet en privilégiant
tantôt un corpus économique, politique, philosophique, sociologique ou anthro-
pologique. Malgré la diversité des publications répertoriées, il est remarquable
de souligner deux approches prédominantes dans la littérature relative à
1
l’appréhension empirique de la pauvreté : l’approche monétaire ou utilitariste et
l’approche non monétaire continuent de dominer le quorum des recherches en-
treprises dans ce domaine depuis les années soixante-dix.
L’approche monétaire a été développée par les welfaristes ou utilitaristes tandis
que l’approche non monétaire a été élaborée à partir de sa critique, reprochant
aux précédents de faire l’impasse sur les aspects non matériels de la pauvreté.
Outre les méthodologies et les indicateurs développés, ces deux approches se
distinguent par la définition de la notion de pauvreté. L’approche utilitariste
considérant pour point focal un niveau de revenu et de consommation s’oppose à
l’approche non monétaire qui fait référence à l’environnement sociétal du sujet à
travers notamment la notion de biens sociaux. Malgré l’abondance des travaux
réalisés, les approches développées suscitent toujours un niveau élevé
d’ambiguïté dans la compréhension empirique et l’analyse de la pauvreté lors-
qu’il s’agit de contextualiser cette dernière, c’est-à-dire en considérant le phé-
nomène à partir de l’observation du vécu des populations et donc des caractéris-
tiques économiques et sociales.
Les deux approches prépondérantes de la pauvreté se fondent respectivement sur
les concepts de bien-être et de l’utilité. Malgré leurs apparentes divergences, les
deux approches convergent pour définir la pauvreté par un manque. Le débat
conceptuel de la pauvreté apparaît lorsque l’on aborde la nature de la « chose
manquante ». Les tergiversations sur la nature et le niveau de ce qui ne doit pas
manquer à un individu investissent la question du champ social en faisant direc-
tement référence aux opportunités de chacun et à la détermination d’un seuil
monétaire à partir duquel un membre de la société est caractérisé comme
« pauvre » ou « non pauvre ».
De façon plus globale, les approches de la pauvreté en Afrique investissent le
corpus politique à travers la conception des politiques de développement élabo-
rées et mises en œuvre sur ce continent conjointement par les institutions interna-
tionales et les gouvernements. Pour cette raison, la compréhension empirique de
la pauvreté privilégie l’outil statistique comme moyen d’évaluation et d’analyse
du degré de pauvreté dans une société donnée afin de permettre d’identifier les
membres de la société qu’il est nécessaire de considérer comme pauvres.
Malgré cette évolution significative, ce sont les années 1990 qui illustrent un
tournant majeur dans le discours relatif à la pauvreté. En effet, ce n’est qu’à
partir des années 1990 que la réduction de la pauvreté devient un enjeu majeur
des politiques économiques élaborées et mises en œuvre par les institutions in-
ternationales. Ce changement est initié par l’étroite collaboration entre Amartya
1 Dans le texte, le terme utilitariste renvoie directement à l’approche monétaire.
RIMD – n o 2 – 2011