Page 30 - RIMD_2011-2
P. 30
30 | Repenser le développement en Afrique
Sen et le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Cette
collaboration aboutit à la publication du premier rapport sur le développement
humain (1990). Le rapport reprend les réflexions théoriques menées depuis le
début des années 1980 par Sen et témoigne d’une évolution majeure de
l’appréhension du phénomène de pauvreté : celle-ci n’est plus réduite à un état
de privation en termes de ressources monétaires, mais fait référence à l’ensemble
des opportunités économiques et sociales auxquelles peuvent prétendre les indi-
vidus en situation de pauvreté. En 1997, la publication par le PNUD du rapport
sur le Développement humain consacré à l’éradication de la pauvreté introduit le
concept de pauvreté humaine, concept qui repose sur les dimensions les plus
fondamentales de la privation : une vie courte, le manque d’éducation de base, et
l’absence d’accès aux ressources publiques et privées.
Malgré la divergence des critères déterminants de la pauvreté, il est indéniable
que celle-ci est fortement déterminée par le contexte économique, social et poli-
tique local. Certes, la pauvreté a des manifestations matérielles, mais dont les
données brutes macro-économiques et financières ne constituent qu’une réalité
partielle. De toutes les définitions associées à la pauvreté en Afrique subsaha-
rienne, il est un caractère qui semble commun : sa subjectivité. La notion de
pauvreté subjective, déterminée en fonction de la conception que se font les
individus de leur bien-être, démontre que la pauvreté est socialement condition-
née. La pauvreté se définit en rapport aux autres, implicitement ou explicitement
en rapport à un groupe de référence. Cette dimension de la pauvreté révèle son
importance lorsqu’on constate qu’une hausse générale des pouvoirs d’achat, y
compris ceux des pauvres, n’entraîne pas forcément une amélioration du senti-
ment de bien-être des populations concernées.
Il est établi, d’une part, que la notion de pauvreté est une notion relative, car elle
réside dans la dualité dichotomique entre pauvre et non-pauvre et, d’autre part,
que c’est une notion complexe dont la définition est transversale à de nombreux
domaines des sciences sociales englobant à la fois le domaine de l’économie, du
politique, de la philosophie, de la sociologie et de l’anthropologie, autrement dit,
sa compréhension empirique relève de la culture ou plutôt de l’analyse de
l’environnement culturel local qui caractérise la société étudiée. Une alternative
à la conceptualisation et à l’analyse économique de la pauvreté est donc indis-
pensable. Tel que le souligne E. Ndione (1992 : 78), « les concepts de
l’économie classique sont ainsi devenus obsolètes pour comprendre l’économie
populaire ». En effet, à travers les indicateurs retenus (proxy) et déterminés par
les approches monétaires et non monétaires, la notion de pauvreté paraît relever
de l’évidence et pourtant, tel que le montre l’évolution théorique, elle semble
encore plus complexe à saisir aujourd’hui. Cette réalité est aussi corroborée par
le concept de sustainable development introduit par les travaux de R. Chambers
(1995) qui souligne l’intervention du réseau de relations sociales lors de la pro-
duction économique des individus en Afrique. R. Chambers met en évidence le
RIMD – n o 2 – 2011
Sen et le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Cette
collaboration aboutit à la publication du premier rapport sur le développement
humain (1990). Le rapport reprend les réflexions théoriques menées depuis le
début des années 1980 par Sen et témoigne d’une évolution majeure de
l’appréhension du phénomène de pauvreté : celle-ci n’est plus réduite à un état
de privation en termes de ressources monétaires, mais fait référence à l’ensemble
des opportunités économiques et sociales auxquelles peuvent prétendre les indi-
vidus en situation de pauvreté. En 1997, la publication par le PNUD du rapport
sur le Développement humain consacré à l’éradication de la pauvreté introduit le
concept de pauvreté humaine, concept qui repose sur les dimensions les plus
fondamentales de la privation : une vie courte, le manque d’éducation de base, et
l’absence d’accès aux ressources publiques et privées.
Malgré la divergence des critères déterminants de la pauvreté, il est indéniable
que celle-ci est fortement déterminée par le contexte économique, social et poli-
tique local. Certes, la pauvreté a des manifestations matérielles, mais dont les
données brutes macro-économiques et financières ne constituent qu’une réalité
partielle. De toutes les définitions associées à la pauvreté en Afrique subsaha-
rienne, il est un caractère qui semble commun : sa subjectivité. La notion de
pauvreté subjective, déterminée en fonction de la conception que se font les
individus de leur bien-être, démontre que la pauvreté est socialement condition-
née. La pauvreté se définit en rapport aux autres, implicitement ou explicitement
en rapport à un groupe de référence. Cette dimension de la pauvreté révèle son
importance lorsqu’on constate qu’une hausse générale des pouvoirs d’achat, y
compris ceux des pauvres, n’entraîne pas forcément une amélioration du senti-
ment de bien-être des populations concernées.
Il est établi, d’une part, que la notion de pauvreté est une notion relative, car elle
réside dans la dualité dichotomique entre pauvre et non-pauvre et, d’autre part,
que c’est une notion complexe dont la définition est transversale à de nombreux
domaines des sciences sociales englobant à la fois le domaine de l’économie, du
politique, de la philosophie, de la sociologie et de l’anthropologie, autrement dit,
sa compréhension empirique relève de la culture ou plutôt de l’analyse de
l’environnement culturel local qui caractérise la société étudiée. Une alternative
à la conceptualisation et à l’analyse économique de la pauvreté est donc indis-
pensable. Tel que le souligne E. Ndione (1992 : 78), « les concepts de
l’économie classique sont ainsi devenus obsolètes pour comprendre l’économie
populaire ». En effet, à travers les indicateurs retenus (proxy) et déterminés par
les approches monétaires et non monétaires, la notion de pauvreté paraît relever
de l’évidence et pourtant, tel que le montre l’évolution théorique, elle semble
encore plus complexe à saisir aujourd’hui. Cette réalité est aussi corroborée par
le concept de sustainable development introduit par les travaux de R. Chambers
(1995) qui souligne l’intervention du réseau de relations sociales lors de la pro-
duction économique des individus en Afrique. R. Chambers met en évidence le
RIMD – n o 2 – 2011