Page 33 - RIMD_2011-2
P. 33
Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 33

sentativité ; (ii) l’indépendance ; (iii) la mobilisation ; (iv) l’influence sur les
décisions de politique publique ; (v) l’information ; (vi) l’accessibilité des res-
sources et (vii) l’existence de modes structurés de prise de décision. En Afrique
subsaharienne, ces éléments varient fortement d’un pays à l’autre. La participa-
tion des populations sera faible, voire inexistante, dans les pays où la société
civile est peu structurée et dispose de faibles capacités à participer, organiser et
structurer les débats de manière constructive et où l’on note un engagement limi-
té de groupes spécifiques tels que des groupes minoritaires. Dans ce cas, la parti-
cipation des populations se résume le plus souvent à des consultations spora-
diques menées auprès de tels ou tels organismes, et donc peu représentatives de
la population. Elle constitue ainsi davantage une consultation pour la forme que
pour le contenu.

B. Elle dépend également de la capacité des États à prendre en compte
les besoins des populations cibles
L’implication directe des populations à l’élaboration des politiques de dévelop-
pement dépend des capacités de l’État à prendre en compte les revendications et
besoins manifestés par les acteurs composant la société civile. Dans les pays
d’Afrique subsaharienne à faibles revenus, les contraintes majeures à la réalisa-
tion de cet exercice se manifestent par d’importantes contraintes temporelles, le
déficit de ressources humaines (qualitativement et quantitativement) et le
manque de moyens financiers. La disponibilité des cadres politico-administratifs,
généralement en nombre insuffisant et non spécialistes, pose une problématique
dans la collecte et l’analyse de données, mais également dans l’encadrement des
concertations menées auprès des acteurs de la société civile, en limitant la fré-
quence de ces dernières. Enfin, l’approche participative nécessite d’importantes
ressources financières et des moyens techniques adaptés (outils statistiques,
informatique), qui sont, dans les pays les plus pauvres, non mobilisables.
En conséquence, faute de capacités des États à mettre en œuvre un processus
participatif dans le cadre de l’élaboration de politiques de lutte contre la pauvre-
té, les administrations privilégient le recrutement d’une expertise internationale.
Dans certains cas, sur la base d’une proposition des experts, l’implication des
populations dans le processus d’identification des besoins repose sur la valida-
tion d’un document presque entièrement conçu par des technocrates et élaboré
selon des cadres de référence peu adaptés aux réalités locales.

C. Les contraintes spécifiques au contexte de pauvreté
L’expression des besoins et des revendications par les populations est rendue
difficile suite à la marginalisation des populations les plus pauvres par rapport,
d’une part, aux acteurs de la société civile et d’autre part, aux services déconcen-
trés de l’État. En effet, les populations les plus nécessiteuses constituent fré-
quemment les groupes qui sont, traditionnellement, les plus marginalisés tels que


RIMD – n o 2 – 2011
   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38