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quant au Commandement des forces alliées pour le théâtre centre-Europe,
il s’installa dans une partie du château de Fontainebleau.
Non seulement la plupart des Français ont aujourd’hui oublié que l’OTAN
avait ses instances dirigeantes sur notre territoire, mais peu se souviennent
qu’avec elles ce furent des dizaines de milliers de soldats alliés, essentiel-
lement des forces armées des états-unis, qui s’y installèrent : à Saint-Ger-
main-en-Laye, Chaumont, Chinon, Poitiers, Verdun, Orléans, Laon, etc.
De même, les forces aériennes de l’uS Air Force avaient à leur disposi-
tion de très nombreuses bases en France : Bordeaux-Mérignac, Château-
roux, Dreux, évreux, Paris-Orly, étain, Phalsbourg, Toul-Rosières, et tant
d’autres.
§ 2 – 1966 : la France claque la porte du commandement militaire intégré !
Mais cette situation ne dura qu’une quinzaine d’années.
En 1958 en effet, après dix ans de traversée du désert, le général de Gaulle
retrouva la tête du pays. Très vite le nouveau Président demanda aux états-
unis et au Royaume-uni la création d’un directorat tripartite de l’OTAN
afin de mettre la France sur un pied d’égalité avec ses alliés, ainsi que l’exten-
sion du territoire couvert par l’Alliance afin d’y inclure des zones d’intérêt
pour la France, en particulier l’Algérie française.
Il essuya un refus total et s’ouvrit alors une grave crise entre la France et ses
alliés. En 1959, le général de Gaulle s’opposa ainsi à l’installation d’armes
nucléaires en France et retira la flotte méditerranéenne française du Com-
mandement intégré de l’OTAN. Puis en 1962, il décida le retrait de la flotte
atlantique et de celle de la Manche.
Parallèlement il lançait un vaste programme de développement d’une force
de dissuasion nucléaire française.
La crise culmina le 7 mars 1966 lorsque de Gaulle, réélu l’année précédente
à la tête de l’état français, annonça le retrait total de la France de la struc-
ture militaire intégrée de l’OTAN. Cette décision – inédite – était motivée
par sa volonté d’avoir le libre choix de son concept de défense – incluant
l’arme atomique – et la libre appréciation de la situation en période de crise,
de conserver la libre disposition de ses forces armées et de son territoire,
tant en cas de crise que de conflit. Tout ceci ne pouvait se faire dès lors
qu’une partie des forces françaises était mise à la disposition de l’OTAN.
Ces notions de liberté et d’indépendance, ancrées au plus profond de
l’homme du 18 juin 1940, ont profondément imprégné notre monde poli-
tique de la Ve République, tous bords politiques confondus, et irriguent
encore aujourd’hui notre conscience nationale.
Malgré ce retrait unilatéral, de Gaulle affirma que la raison d’être de l’Al-
liance n’était pas modifiée. La France demeurait en effet dans les instances
politiques, en conservant son siège au Conseil de l’Atlantique nord – l’ins-
o
RIMD–n 4–2013
R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement
quant au Commandement des forces alliées pour le théâtre centre-Europe,
il s’installa dans une partie du château de Fontainebleau.
Non seulement la plupart des Français ont aujourd’hui oublié que l’OTAN
avait ses instances dirigeantes sur notre territoire, mais peu se souviennent
qu’avec elles ce furent des dizaines de milliers de soldats alliés, essentiel-
lement des forces armées des états-unis, qui s’y installèrent : à Saint-Ger-
main-en-Laye, Chaumont, Chinon, Poitiers, Verdun, Orléans, Laon, etc.
De même, les forces aériennes de l’uS Air Force avaient à leur disposi-
tion de très nombreuses bases en France : Bordeaux-Mérignac, Château-
roux, Dreux, évreux, Paris-Orly, étain, Phalsbourg, Toul-Rosières, et tant
d’autres.
§ 2 – 1966 : la France claque la porte du commandement militaire intégré !
Mais cette situation ne dura qu’une quinzaine d’années.
En 1958 en effet, après dix ans de traversée du désert, le général de Gaulle
retrouva la tête du pays. Très vite le nouveau Président demanda aux états-
unis et au Royaume-uni la création d’un directorat tripartite de l’OTAN
afin de mettre la France sur un pied d’égalité avec ses alliés, ainsi que l’exten-
sion du territoire couvert par l’Alliance afin d’y inclure des zones d’intérêt
pour la France, en particulier l’Algérie française.
Il essuya un refus total et s’ouvrit alors une grave crise entre la France et ses
alliés. En 1959, le général de Gaulle s’opposa ainsi à l’installation d’armes
nucléaires en France et retira la flotte méditerranéenne française du Com-
mandement intégré de l’OTAN. Puis en 1962, il décida le retrait de la flotte
atlantique et de celle de la Manche.
Parallèlement il lançait un vaste programme de développement d’une force
de dissuasion nucléaire française.
La crise culmina le 7 mars 1966 lorsque de Gaulle, réélu l’année précédente
à la tête de l’état français, annonça le retrait total de la France de la struc-
ture militaire intégrée de l’OTAN. Cette décision – inédite – était motivée
par sa volonté d’avoir le libre choix de son concept de défense – incluant
l’arme atomique – et la libre appréciation de la situation en période de crise,
de conserver la libre disposition de ses forces armées et de son territoire,
tant en cas de crise que de conflit. Tout ceci ne pouvait se faire dès lors
qu’une partie des forces françaises était mise à la disposition de l’OTAN.
Ces notions de liberté et d’indépendance, ancrées au plus profond de
l’homme du 18 juin 1940, ont profondément imprégné notre monde poli-
tique de la Ve République, tous bords politiques confondus, et irriguent
encore aujourd’hui notre conscience nationale.
Malgré ce retrait unilatéral, de Gaulle affirma que la raison d’être de l’Al-
liance n’était pas modifiée. La France demeurait en effet dans les instances
politiques, en conservant son siège au Conseil de l’Atlantique nord – l’ins-
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