Page 35 - RIMD_4
P. 35
35
R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement
France choisit de ne pas rejoindre, voulant préserver le contrôle exclusif de
sa dissuasion.
Cette réintégration se traduisit par le retour de militaires français dans l’en-
semble des Comités de l’OTAN et par l’attribution à la France de quelques
1 200 des 13 000 postes de la structure militaire, soit près de 10 % de l’en-
semble.
Dans le même temps, la France reçut plusieurs grands commandements.
Le premier – et sans conteste le plus prestigieux – était l’un des deux grands
commandements stratégiques, depuis toujours occupés par un officier gé-
néral américain. Il s’agissait du « Commandant allié pour la transforma-
tion » (Allied Command for Transformation - ACT), situé à Norfolk (états-
unis) et qui est en charge de la doctrine et du développement capacitaire de
l’Alliance, c’est-à-dire de la préparation de l’avenir.
Elle reçut également le commandement d’un des trois états-majors interar-
mées (Joint Force Command – JFC), situé à Lisbonne (Portugal), ainsi que
l’un des deux centres principaux de formation, le « Centre d’entraînement
interarmées » (Joint Warfare Center – JWC), situé à Stavanger (Norvège).
De même, dans toutes les instances principales – Secrétariat international,
état-major international, Commandement allié des opérations – la France
obtint des postes de direction.
On peut donc dire que ce retour se fit « par la grande porte », ce qui n’a pas
toujours été du goût de nombre de nos Alliés, obligés de nous faire de la
place en cédant certains de leurs postes, mais a indéniablement replacé la
France au niveau qu’elle avait avant 1966.

§ 5 – 2012 : quels premiers effets à ce retour de la France ?

Aujourd’hui, la France participe pleinement – à l’exception des questions
nucléaires – aux travaux qui sont menés au sein de l’OTAN. qu’il s’agisse de
planifier et de mener des opérations ou de travailler aux capacités futures,
les officiers français insérés dans ses états-majors y contribuent pleinement.
Aucun dossier n’évolue sans qu’un Français n’en ait connaissance. Souvent
le traitant peut y instiller ses points de vue nationaux, orientant ainsi le tra-
vail dans un sens qui soit en ligne avec ses orientations nationales... ou tout
du moins qui ne soit pas totalement à leur opposé ! Le travail d’état-major
mené en amont permet alors de préparer au mieux la décision politique qui
le validera.
Toutes ces contributions, technique puis politique, sont d’autant plus im-
portantes que la France n’est désormais plus « otano-suspecte ». Avant son
retour, sa parole était fréquemment mise en doute, car son intention était
nécessairement douteuse. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Sa voix porte et
est prise en compte.
C’est d’ailleurs ce qui a permis que l’opération menée avec succès en Libye

o
RIMD–n 4–2013
   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40