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préparait à s’opposer aux violents déboulés de chars soviétiques. Trente ans
plus tard, la situation était tout autre : le mur de Berlin avait été démantelé
en novembre 1989 et la dissolution de l’uRSS en décembre 1991 avait fait
s’écrouler le Pacte de Varsovie, l’adversaire « naturel » de l’Alliance atlan-
tique.
Depuis, la yougoslavie avait éclaté et en 1995 l’OTAN avait été contrainte
d’intervenir en Bosnie. Or, dès le déclenchement de l’opération en Bosnie,
la France voulut prendre sa juste part de responsabilité, contribuant à four-
nir une part importante des troupes et coordonnant l’emploi de ses forces
avec l’Alliance. Mais, absente des structures militaires, elle ne pouvait jouer
aucun rôle dans la planification des opérations et l’élaboration des ordres.
En fait, elle recevait des ordres sans pouvoir participer à leur élaboration !
Dès lors, le rapprochement avec le Commandement militaire de l’OTAN
était inéluctable.
Mais ce retour ne pouvait se faire qu’en retrouvant une place à la hauteur
de la participation française, non seulement aux opérations en cours, mais
aussi à la part du budget payée par la France. C’est ainsi que le Président
Chirac exigea un grand commandement, en l’occurrence celui qui, situé à
Naples, avait en charge le sud de l’Europe, zone traditionnellement d’intérêt
pour la France. Or, ce commandement était assuré par un amiral américain
qui avait également la responsabilité de la flotte américaine déployée en
Méditerranée. Comme il n’était pas envisageable de scinder ces responsabi-
lités, les négociations échouèrent.
Malgré cela, la France décida de reprendre le siège qu’elle avait quitté en
1966 au sein du Comité militaire de l’OTAN. Ce Comité – la plus haute
instance militaire de l’OTAN – réunit les Chefs d’état-major des armées des
Nations ou leurs représentants, et est, avec le Conseil de l’Atlantique nord,
la seule enceinte où les Nations disposent d’un droit de veto. Par ailleurs,
quelques officiers français rejoignirent l’état-major international – qui tra-
vaille au profit du Comité militaire –, ainsi que plusieurs agences et comités.
Ainsi, à défaut d’avoir réintégré entièrement la structure militaire, la France
avait-elle retrouvé une place dans les principales instances décisionnelles
de l’Alliance et surtout une capacité à faire entendre sa voix, mais aussi son
opposition grâce au droit de veto.
Dans les années qui suivirent, l’OTAN continua à s’engager : au Kosovo
en 1999 pour sa première grande opération militaire, puis, à la suite des
attentats des Twin towers de 2001, en Méditerranée (opération Active En-
deavour) et en Afghanistan (opération ISAF). Dans le même temps, elle
accueillait dans ses rangs plusieurs pays issus de l’Europe de l’Est : dès 1999,
ce furent la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ; puis en 2004,
ce furent sept autres pays : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la
Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.
Confrontés à ces nouvelles missions et prenant acte de cet important élar-
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préparait à s’opposer aux violents déboulés de chars soviétiques. Trente ans
plus tard, la situation était tout autre : le mur de Berlin avait été démantelé
en novembre 1989 et la dissolution de l’uRSS en décembre 1991 avait fait
s’écrouler le Pacte de Varsovie, l’adversaire « naturel » de l’Alliance atlan-
tique.
Depuis, la yougoslavie avait éclaté et en 1995 l’OTAN avait été contrainte
d’intervenir en Bosnie. Or, dès le déclenchement de l’opération en Bosnie,
la France voulut prendre sa juste part de responsabilité, contribuant à four-
nir une part importante des troupes et coordonnant l’emploi de ses forces
avec l’Alliance. Mais, absente des structures militaires, elle ne pouvait jouer
aucun rôle dans la planification des opérations et l’élaboration des ordres.
En fait, elle recevait des ordres sans pouvoir participer à leur élaboration !
Dès lors, le rapprochement avec le Commandement militaire de l’OTAN
était inéluctable.
Mais ce retour ne pouvait se faire qu’en retrouvant une place à la hauteur
de la participation française, non seulement aux opérations en cours, mais
aussi à la part du budget payée par la France. C’est ainsi que le Président
Chirac exigea un grand commandement, en l’occurrence celui qui, situé à
Naples, avait en charge le sud de l’Europe, zone traditionnellement d’intérêt
pour la France. Or, ce commandement était assuré par un amiral américain
qui avait également la responsabilité de la flotte américaine déployée en
Méditerranée. Comme il n’était pas envisageable de scinder ces responsabi-
lités, les négociations échouèrent.
Malgré cela, la France décida de reprendre le siège qu’elle avait quitté en
1966 au sein du Comité militaire de l’OTAN. Ce Comité – la plus haute
instance militaire de l’OTAN – réunit les Chefs d’état-major des armées des
Nations ou leurs représentants, et est, avec le Conseil de l’Atlantique nord,
la seule enceinte où les Nations disposent d’un droit de veto. Par ailleurs,
quelques officiers français rejoignirent l’état-major international – qui tra-
vaille au profit du Comité militaire –, ainsi que plusieurs agences et comités.
Ainsi, à défaut d’avoir réintégré entièrement la structure militaire, la France
avait-elle retrouvé une place dans les principales instances décisionnelles
de l’Alliance et surtout une capacité à faire entendre sa voix, mais aussi son
opposition grâce au droit de veto.
Dans les années qui suivirent, l’OTAN continua à s’engager : au Kosovo
en 1999 pour sa première grande opération militaire, puis, à la suite des
attentats des Twin towers de 2001, en Méditerranée (opération Active En-
deavour) et en Afghanistan (opération ISAF). Dans le même temps, elle
accueillait dans ses rangs plusieurs pays issus de l’Europe de l’Est : dès 1999,
ce furent la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ; puis en 2004,
ce furent sept autres pays : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la
Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.
Confrontés à ces nouvelles missions et prenant acte de cet important élar-
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