Page 30 - RIMD_4
P. 30
30 R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement




L a France a toujours entretenu une relation particulière avec l’OTAN.
Membre fondateur, elle en a été d’emblée un acteur majeur, mais la poli-
tique étrangère du général de Gaulle l’a rapidement placée dans un statut à
part – présente politiquement, mais éloignée militairement – avant qu’en ce
début de XXIe siècle elle reprenne toute sa place... ou presque.
Allié cultivant un légendaire mauvais caractère ? Partenaire jouant en per-
manence une carte très personnelle ? Taupe européenne au sein d’une orga-
nisation euratlantique toute dévouée au grand frère nord-américain ? La
France est tout cela en même temps, mais ce rôle particulier est apprécié
par nombre de ses alliés dont elle est souvent le porte-parole, tout comme
il constitue une sorte de poil à gratter permanent, car pour elle rien ne doit
être acquis sans réflexion ni débat.

§ 1 – Années 50 : la France s’impose comme un acteur majeur de l’OTAN

Lorsqu’en 1949 l’« Organisation du traité de l’Atlantique nord » (OTAN)
fut créée à Washington, la France était l’une des douze Nations à la porter
1
sur les fonds baptismaux . Et elle eut d’emblée une place insigne, puisque le
Conseil de l’OTAN qui se réunit à New york le 15 septembre 1950 la choisit,
en raison de sa position centrale et de ses excellents moyens de communi-
cation, pour en accueillir toutes les instances dirigeantes.
C’est ainsi que le Siège politique de l’OTAN s’implanta en 1952 à Paris, ini-
tialement dans des locaux temporaires au Palais de Chaillot, face à la Tour
Eiffel, puis en 1959 dans le « Palais de l’OTAN » construit sur un terrain
e
situé porte Dauphine dans le XVI arrondissement. C’est dans ces locaux
que se trouve aujourd’hui l’université Paris-Dauphine.
Le Haut commandement militaire de l’OTAN s’installa dès le 1er janvier
1951 à l’hôtel Astoria, situé alors sur l’avenue des Champs-élysées, tout près
de la place de l’étoile. Il constitua le « Grand quartier général des puissances
alliées en Europe » (« SHAPE » selon son abréviation anglo-saxonne), avec
à sa tête le Commandant suprême des forces alliées en Europe – SACEuR
– le général Dwight David Eisenhower, ancien chef d’état-major des forces
armées américaines (1945-1948) et futur président des états-unis (1953-
1961).
Mais le bâtiment s’avéra rapidement exigu et, dès le mois de juillet, le
SHAPE emménagea dans des bâtiments préfabriqués, installés à Rocquen-
court, près de Versailles. Ce site est aujourd’hui celui de l’Institut national
de recherche en informatique et en automatique (INRIA).

1 Les cinq pays européens signataires du Traité de Bruxelles (Belgique, France, Luxembourg,
Pays-Bas et Royaume-uni), le Canada et les états-unis, ainsi que cinq autres pays d’Europe
invités à participer (Italie, Portugal, Danemark, Norvège et Islande).
o
RIMD–n 4–2013
   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35