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32 R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement
tance suprême de l’OTAN, qui réunit les chefs d’état et de gouvernement ou
leurs représentants –, et maintenait sa contribution au budget de l’Alliance.
Puis les accords Lemnitzer-Ailleret, négociés en 1967 entre le SACEuR
(le général américain Lyman Lemnitzer, de 1963 à 1969) et le Chef d’état-
major des armées françaises (le général Charles Ailleret, de 1962 à 1968),
détaillèrent la façon dont les forces armées françaises seraient réintégrées
au Commandement militaire de l’OTAN en cas de conflit ouvert entre les
deux blocs.
Ainsi, malgré sa prise de distance militaire, la France resta indéfectiblement
2
solidaire de ses alliés . Elle le prouva d’ailleurs lors de la crise des euromis-
siles des années 1980, qui vit le déploiement en Europe de missiles de portée
intermédiaire Pershing, le président Mitterrand lançant en 1983 devant le
Bundestag la fameuse phrase : « les euromissiles sont à l’est et les pacifiques
à l’ouest ». Puis, toujours en 1983, une réunion du Conseil de l’Atlantique
nord avec les chefs d’état et de gouvernement fut même organisée à Paris.
Conséquence cependant de la décision politique du retrait de la structure
militaire intégrée, le général de Gaulle exigea le départ dans les 6 mois du
territoire français de toutes les troupes alliées, ce qui constitua un réel trau-
matisme, tant pour les militaires eux-mêmes, que pour leurs familles obli-
gées de quitter précipitamment leurs logements, après quinze années de
présence en France.
La Belgique proposa alors d’accueillir les principales instances dirigeantes
de l’Alliance. Ainsi, le Siège politique quitta Paris dès décembre 1966 pour
s’installer à Bruxelles et le SHAPE quitta Rocquencourt le 30 mars 1967
pour trouver refuge à Casteau, près de Mons, où avait été construit en ur-
gence un état-major en préfabriqués. quant au Commandement des forces
alliées pour le théâtre centre-Europe, il s’installa à Brunssum aux Pays-Bas.
§ 3 – 1995 : la France entame son retour dans la structure militaire
La France resta dans cette situation originale et quelque peu ambiguë –
présente politiquement et absente militairement – durant une trentaine
d’années. L’évolution ne vint qu’après l’élection en 1995 à la Présidence de
la République de Jacques Chirac qui voulait prendre acte de l’évolution du
contexte géostratégique.
En 1966 en effet, lorsque de Gaulle fit sortir la France de la structure mili-
taire intégrée, l’Alliance atlantique se trouvait face au Pacte de Varsovie et se
2 Elle a même trois agences installées sur son territoire : la CEPMA (Central Europe Pipe-
line Management Agency) située à Versailles et qui assure le contrôle des 11 500 kilomètres
d’oléoducs de l’OTAN ; la RTA (Research and Technology Agency) implantée à Neuilly-
sur-Seine et qui coordonne la recherche et la coopération technologiques pour la Défense ;
enfin la NAHEMA (NATO Helicopter Design Management Agency) qui, créée en 1992 à
Aix-en-Provence, gère la conception, le développement, la production et la logistique de
l’hélicoptère NH90.
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tance suprême de l’OTAN, qui réunit les chefs d’état et de gouvernement ou
leurs représentants –, et maintenait sa contribution au budget de l’Alliance.
Puis les accords Lemnitzer-Ailleret, négociés en 1967 entre le SACEuR
(le général américain Lyman Lemnitzer, de 1963 à 1969) et le Chef d’état-
major des armées françaises (le général Charles Ailleret, de 1962 à 1968),
détaillèrent la façon dont les forces armées françaises seraient réintégrées
au Commandement militaire de l’OTAN en cas de conflit ouvert entre les
deux blocs.
Ainsi, malgré sa prise de distance militaire, la France resta indéfectiblement
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solidaire de ses alliés . Elle le prouva d’ailleurs lors de la crise des euromis-
siles des années 1980, qui vit le déploiement en Europe de missiles de portée
intermédiaire Pershing, le président Mitterrand lançant en 1983 devant le
Bundestag la fameuse phrase : « les euromissiles sont à l’est et les pacifiques
à l’ouest ». Puis, toujours en 1983, une réunion du Conseil de l’Atlantique
nord avec les chefs d’état et de gouvernement fut même organisée à Paris.
Conséquence cependant de la décision politique du retrait de la structure
militaire intégrée, le général de Gaulle exigea le départ dans les 6 mois du
territoire français de toutes les troupes alliées, ce qui constitua un réel trau-
matisme, tant pour les militaires eux-mêmes, que pour leurs familles obli-
gées de quitter précipitamment leurs logements, après quinze années de
présence en France.
La Belgique proposa alors d’accueillir les principales instances dirigeantes
de l’Alliance. Ainsi, le Siège politique quitta Paris dès décembre 1966 pour
s’installer à Bruxelles et le SHAPE quitta Rocquencourt le 30 mars 1967
pour trouver refuge à Casteau, près de Mons, où avait été construit en ur-
gence un état-major en préfabriqués. quant au Commandement des forces
alliées pour le théâtre centre-Europe, il s’installa à Brunssum aux Pays-Bas.
§ 3 – 1995 : la France entame son retour dans la structure militaire
La France resta dans cette situation originale et quelque peu ambiguë –
présente politiquement et absente militairement – durant une trentaine
d’années. L’évolution ne vint qu’après l’élection en 1995 à la Présidence de
la République de Jacques Chirac qui voulait prendre acte de l’évolution du
contexte géostratégique.
En 1966 en effet, lorsque de Gaulle fit sortir la France de la structure mili-
taire intégrée, l’Alliance atlantique se trouvait face au Pacte de Varsovie et se
2 Elle a même trois agences installées sur son territoire : la CEPMA (Central Europe Pipe-
line Management Agency) située à Versailles et qui assure le contrôle des 11 500 kilomètres
d’oléoducs de l’OTAN ; la RTA (Research and Technology Agency) implantée à Neuilly-
sur-Seine et qui coordonne la recherche et la coopération technologiques pour la Défense ;
enfin la NAHEMA (NATO Helicopter Design Management Agency) qui, créée en 1992 à
Aix-en-Provence, gère la conception, le développement, la production et la logistique de
l’hélicoptère NH90.
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