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40 R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement
u n peu plus de trois ans après avoir intégré l’Organisation militaire de
l’OTAN, aux côtés de la Lituanie et de la Lettonie, l’Estonie devait, en
avril et mai 2007, faire face à une agression tout à fait inhabituelle sinon
par sa nature, du moins par son envergure. Au lendemain du déplacement
– fort peu apprécié par Moscou – d’un monument érigé dans ce pays en
souvenir des combattants de l’armée soviétique, une attaque cybernétique
inégalée paralysait en quelques heures les principaux réseaux et sites du
gouvernement de Tallin aussi bien que les serveurs des opérateurs locaux
de téléphonie, ceux des banques commerciales ou des organes d’informa-
tion.
Si cette première agression cybernétique contre un état ne fut jamais clai-
rement revendiquée, tous les observateurs s’accordaient à voir la main de
Moscou dans le second incident de ce genre : le 20 juillet 2008, la Géorgie
découvrait soudain que ses accès à la toile Internet étaient bloqués et ses
sites et réseaux de communication gouvernementaux faisaient l’objet d’une
attaque convergente de nombreux hackers étrangers. Moins de trois se-
maines plus tard, la guerre éclatait entre ce pays et son voisin russe. À cette
époque, la Géorgie de M. Saakashvili cherchait déjà activement à rejoindre
l’Alliance Atlantique.
que penser enfin du virus informatique STuXNET qui en juin 2010 dé-
frayait la chronique : très opportunément pour les intérêts occidentaux
sinon américains, cette arme cybernétique – « la plus sophistiquée jamais
déployée », selon le New york Times de cette époque –, s’attaquait aux logi-
ciels qui pilotaient en Iran les opérations très sensibles d’enrichissement de
l’uranium. Au-delà de la question de l’attribution de cette agression à tel ou
tel acteur, ce cas concret de cyberattaque posait le problème de la vulnéra-
bilité de réseaux censés être extrêmement bien protégés, sinon totalement
isolés du monde extérieur.
e
Attaquer et défendre la Toile n’est pas une histoire nouvelle du XXI siècle.
Le duel qui oppose les « hackers » et les sociétés commerciales développant
des antivirus et protégeant les réseaux de communication informatiques,
qu’ils soient publics ou privés, est sans doute aussi vieux que la naissance
d’Internet, il y a plus de quatre décennies. Mais l’Organisation du traité de
l’Atlantique nord reconnaît désormais dans le dernier concept stratégique
qu’elle a développé fin 2010, la cyberdéfense comme une nouvelle capacité à
placer parmi les cinq premières priorités de l’Alliance. Les Nations membres
admettent que les affrontements dans le cyberespace sont une réalité et que
ceux-ci atteignent un niveau de sophistication tel qu’elles peuvent, à l’instar
des conflits armés traditionnels, provoquer des dommages physiques voire
des pertes humaines.
Avant d’évoquer le concept, la politique et les premiers moyens que l’OTAN
o
RIMD–n 4–2013
u n peu plus de trois ans après avoir intégré l’Organisation militaire de
l’OTAN, aux côtés de la Lituanie et de la Lettonie, l’Estonie devait, en
avril et mai 2007, faire face à une agression tout à fait inhabituelle sinon
par sa nature, du moins par son envergure. Au lendemain du déplacement
– fort peu apprécié par Moscou – d’un monument érigé dans ce pays en
souvenir des combattants de l’armée soviétique, une attaque cybernétique
inégalée paralysait en quelques heures les principaux réseaux et sites du
gouvernement de Tallin aussi bien que les serveurs des opérateurs locaux
de téléphonie, ceux des banques commerciales ou des organes d’informa-
tion.
Si cette première agression cybernétique contre un état ne fut jamais clai-
rement revendiquée, tous les observateurs s’accordaient à voir la main de
Moscou dans le second incident de ce genre : le 20 juillet 2008, la Géorgie
découvrait soudain que ses accès à la toile Internet étaient bloqués et ses
sites et réseaux de communication gouvernementaux faisaient l’objet d’une
attaque convergente de nombreux hackers étrangers. Moins de trois se-
maines plus tard, la guerre éclatait entre ce pays et son voisin russe. À cette
époque, la Géorgie de M. Saakashvili cherchait déjà activement à rejoindre
l’Alliance Atlantique.
que penser enfin du virus informatique STuXNET qui en juin 2010 dé-
frayait la chronique : très opportunément pour les intérêts occidentaux
sinon américains, cette arme cybernétique – « la plus sophistiquée jamais
déployée », selon le New york Times de cette époque –, s’attaquait aux logi-
ciels qui pilotaient en Iran les opérations très sensibles d’enrichissement de
l’uranium. Au-delà de la question de l’attribution de cette agression à tel ou
tel acteur, ce cas concret de cyberattaque posait le problème de la vulnéra-
bilité de réseaux censés être extrêmement bien protégés, sinon totalement
isolés du monde extérieur.
e
Attaquer et défendre la Toile n’est pas une histoire nouvelle du XXI siècle.
Le duel qui oppose les « hackers » et les sociétés commerciales développant
des antivirus et protégeant les réseaux de communication informatiques,
qu’ils soient publics ou privés, est sans doute aussi vieux que la naissance
d’Internet, il y a plus de quatre décennies. Mais l’Organisation du traité de
l’Atlantique nord reconnaît désormais dans le dernier concept stratégique
qu’elle a développé fin 2010, la cyberdéfense comme une nouvelle capacité à
placer parmi les cinq premières priorités de l’Alliance. Les Nations membres
admettent que les affrontements dans le cyberespace sont une réalité et que
ceux-ci atteignent un niveau de sophistication tel qu’elles peuvent, à l’instar
des conflits armés traditionnels, provoquer des dommages physiques voire
des pertes humaines.
Avant d’évoquer le concept, la politique et les premiers moyens que l’OTAN
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RIMD–n 4–2013