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R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement
a développés depuis le sommet des Chefs d’état et de gouvernement à Lis-
bonne, il y a deux ans, il n’est pas inutile d’identifier les cibles que l’organi-
sation militaire ou ses membres peuvent offrir aux agresseurs potentiels,
quels objectifs ces derniers peuvent poursuivre et quels effets ces attaques
peuvent avoir. Il restera dans un troisième temps à s’interroger sur les diffi-
cultés ou les défis qui attendent encore ce domaine émergent.


§ 1 – quelles menaces pour les réseaux de l’Alliance ?

Malgré la cure d’amaigrissement radicale que les états viennent d’impo-
ser à l’Organisation militaire multinationale, l’OTAN compte encore dans
sa seule structure permanente de commandement près de dix mille civils
et militaires répartis sur deux ou trois sites dans chacune des 28 nations
membres et disposant chacun pour leur travail quotidien d’un accès à deux
ou trois réseaux aux niveaux de classification différents. C’est dire que l’Al-
liance a fort à faire pour rendre cet intranet multiple à la fois aussi interactif
que possible en interne et aussi étanche que nécessaire vis-à-vis du monde
extérieur.
un intérêt tout particulier doit être porté à l’échelon central, l’état-major de
l’Alliance établi depuis de longues années à Bruxelles et qui va très prochai-
nement s’installer dans une infrastructure flambant neuve. Toucher aux
réseaux de cet échelon politico-militaire est d’évidence hautement sensible
dans la mesure où l’organisation dite intégrée ne peut prendre des déci-
sions que grâce aux processus de consultation permanents entre les Am-
bassadeurs représentant leur capitale respective, processus qui reposent en
grande partie sur la circulation informatique des informations.
Les réseaux de l’OTAN doivent être considérés comme encore plus cri-
tiques en termes de risques quand une opération militaire est déclenchée et
des forces sont projetées sur un théâtre. L’intégrité de ces réseaux mobiles,
la confidentialité des informations qui y circulent, et leur disponibilité en
tous lieux et en tout temps où cette force manœuvre, conditionnent le suc-
cès même de l’entreprise militaire.
Mais si la Charte de l’Alliance met l’accent sur la défense des intérêts vitaux
de chacun de ses membres, le concept et la politique de l’OTAN en matière
de cyberdéfense visent avant tout à protéger les systèmes d’information et
de communication de l’OTAN. Les Nations sont quant à elles invitées à se
doter de capacités de cyberdéfense au plus vite afin de ne pas mettre à mal
les missions critiques de l’Alliance. Clairement, les exemples d’Estonie ou
de Géorgie illustrent la nécessité pour certaines nations de protéger leurs
réseaux civils d’infrastructure les plus critiques (énergie, transports, secteur
bancaire, médias…). La communauté de l’Alliance peut toujours être solli-
citée en tant que conseiller pour les Nations qui le désirent.
La gamme des risques courus par les réseaux de l’Alliance et par les infor-

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RIMD–n 4–2013
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