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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 107
pouvoirs, définis très étroitement jusqu’à cette époque, des autonomies commu-
nales et a renforcé l’indépendance des autonomies des comitats (joupanies),
incluant la capitale Zagreb. Malgré ce changement, les communes slovaques
semblent jouir d’une indépendance financière plus élevée que les communes
croates dont le processus d’autonomisation est plus lent.
La Lituanie constitue un cas spécifique. Elle a considéré des districts comme le
niveau le plus bas de l’autonomie et, même si elle a démocratisé le système de
l’administration publique, elle n’a jamais mis en place des changements institu-
tionnels. Ce pays avait donc réussi à éviter les problèmes liés à la structure frag-
mentée des municipalités, mais en imposant une structure particulière basée sur
des districts, la Lituanie a fait naître une discussion sur le point de savoir si un tel
système de démocratie locale, aussi éloigné des citoyens, est convenable et adé-
quat. Cette question se pose d’autant plus que les systèmes de partis au niveau
des districts et des États sont pratiquement identiques. La Lituanie ne rencontre
donc pas des pressions aussi vives qu’en Slovaquie ou en Croatie, mais elle de-
vra encore affronter plusieurs changements significatifs dans le futur .
Le troisième groupe est constitué uniquement des pays d’Europe de l’Est dont
les institutions et communes sont officiellement identiques à celles des pays
d’Europe occidentale. Cependant, du point de vue pratique et fonctionnel, ces
dernières présentent des divergences. Les communes de Russie dépendent des
subventions régionales, entraînant ainsi les politiciens locaux vers la dépendance
verticale. Le contrôle opéré sur les compétences transférées conduit les autorités
étatiques à intervenir dans l’agenda et les programmes de l’administration des
communes. En outre, au nombre restreint des communes dont la gestion est
claire et transparente correspond une faible participation des citoyens aux élec-
tions ou à toute autre activité politique. Les initiatives en ce sens ne concernent
que des demandes formulées aux représentants des autorités de l’État pour ré-
soudre des problèmes communaux. [Ivanova 2009 : 316-317]. Des caractéris-
tiques très ressemblantes ont été soulignées par David Příhoda dans le cas des
communes d’Ukraine.
Les pouvoirs et devoirs des communes ukrainiennes, comme en Russie, se défi-
nissent également en fonction de la situation politique actuelle des instances
dirigeantes de l’État. La faiblesse de leur position ne résulte pas uniquement de
leur dépendance financière et de l’interpénétration des autorités d’État, mais elle
s’explique aussi par les liens et relations oligarchiques et clientélistes.
L’administration locale est donc plutôt gérée par des clans que par des partis
politiques et la question se pose donc de savoir si les élections sont un critère
valable pour l’évaluation de ces systèmes [Příhoda 2009: 338-340]. On peut
même se demander si les systèmes de ce groupe ne ressemblent pas davantage au
système soviétique plutôt qu’aux communes des pays de l’Europe de Nord.
RIMD – n o 2 – 2011
pouvoirs, définis très étroitement jusqu’à cette époque, des autonomies commu-
nales et a renforcé l’indépendance des autonomies des comitats (joupanies),
incluant la capitale Zagreb. Malgré ce changement, les communes slovaques
semblent jouir d’une indépendance financière plus élevée que les communes
croates dont le processus d’autonomisation est plus lent.
La Lituanie constitue un cas spécifique. Elle a considéré des districts comme le
niveau le plus bas de l’autonomie et, même si elle a démocratisé le système de
l’administration publique, elle n’a jamais mis en place des changements institu-
tionnels. Ce pays avait donc réussi à éviter les problèmes liés à la structure frag-
mentée des municipalités, mais en imposant une structure particulière basée sur
des districts, la Lituanie a fait naître une discussion sur le point de savoir si un tel
système de démocratie locale, aussi éloigné des citoyens, est convenable et adé-
quat. Cette question se pose d’autant plus que les systèmes de partis au niveau
des districts et des États sont pratiquement identiques. La Lituanie ne rencontre
donc pas des pressions aussi vives qu’en Slovaquie ou en Croatie, mais elle de-
vra encore affronter plusieurs changements significatifs dans le futur .
Le troisième groupe est constitué uniquement des pays d’Europe de l’Est dont
les institutions et communes sont officiellement identiques à celles des pays
d’Europe occidentale. Cependant, du point de vue pratique et fonctionnel, ces
dernières présentent des divergences. Les communes de Russie dépendent des
subventions régionales, entraînant ainsi les politiciens locaux vers la dépendance
verticale. Le contrôle opéré sur les compétences transférées conduit les autorités
étatiques à intervenir dans l’agenda et les programmes de l’administration des
communes. En outre, au nombre restreint des communes dont la gestion est
claire et transparente correspond une faible participation des citoyens aux élec-
tions ou à toute autre activité politique. Les initiatives en ce sens ne concernent
que des demandes formulées aux représentants des autorités de l’État pour ré-
soudre des problèmes communaux. [Ivanova 2009 : 316-317]. Des caractéris-
tiques très ressemblantes ont été soulignées par David Příhoda dans le cas des
communes d’Ukraine.
Les pouvoirs et devoirs des communes ukrainiennes, comme en Russie, se défi-
nissent également en fonction de la situation politique actuelle des instances
dirigeantes de l’État. La faiblesse de leur position ne résulte pas uniquement de
leur dépendance financière et de l’interpénétration des autorités d’État, mais elle
s’explique aussi par les liens et relations oligarchiques et clientélistes.
L’administration locale est donc plutôt gérée par des clans que par des partis
politiques et la question se pose donc de savoir si les élections sont un critère
valable pour l’évaluation de ces systèmes [Příhoda 2009: 338-340]. On peut
même se demander si les systèmes de ce groupe ne ressemblent pas davantage au
système soviétique plutôt qu’aux communes des pays de l’Europe de Nord.
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