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104 | Le système local tchèque : un modèle ?
I. Quelles classifications des systèmes municipaux d’Europe centrale et
d’Europe de l’Ouest ?
Les nombreuses divergences qui existent entre les pays de l’Europe occidentale
rendent difficiles l’application des typologies des systèmes des municipalités
européennes de Page, Goldsmith, Hesse ou bien Sharpe aux cas des. Il est encore
plus difficile d’appliquer ces critères aux pays postcommunistes de l’Europe
centrale et orientale.
On constate plusieurs tendances dans les pays d’Europe occidentale : renforce-
ment de la coopération intercommunale, fusion de communes, privatisation de
certains services publics, mise en place du concept de New Public management,
construction des hiérarchies dans les modèles exécutifs, influence européenne et
autres changements et modifications qui impactent le niveau communal considé-
ré comme le premier point de contact des citoyens avec les services publics.
Quant aux pays de l’Est, de grandes différences sont constatées entre la structure
officielle et théorique des institutions locales autonomes et leur fonctionnement
réel. Dans le cas des régions et des municipalités de Russie et d’Ukraine, caracté-
risés par la prédominance de liens verticaux, on peut même se poser la question
de savoir si les élections peuvent encore être considérées comme un critère clé
d’identification des systèmes quasi centralisés [Příhoda 2009: 338-340]. On peut
trouver des différences également au niveau de la participation politique. Tandis
que dans certains pays fédéraux, les représentants élus mettent en œuvre les
demandes des initiatives citoyennes bien avant que le referendum soit organisé,
dans les systèmes communaux de Russie, les électeurs montrent une méfiance
tellement forte envers les représentants des institutions locales autonomes qu’ils
attendent que la solution des problèmes communaux provienne du Président, lui-
même [Ivanova 2009 : 317].
La publication de réseau européen « The European Mayor » [Back, Heinelt,
Magnier 2006] présente un des rares essais de classification des systèmes muni-
cipaux qui s’appuie sur la méthode empirique. Comme il était impossible de
classer la République tchèque, la Pologne et la Hongrie dans les groupes exis-
tants, Nikolaos Hlepas et Hubert Heinelt ont trouvé une solution au problème de
la classification par la création d’un nouveau groupe spécifique : le Groupe
d’Europe centrale et orientale [Heinelt, Hlepas 2006: 27]. Pourtant ce groupe
ressemble beaucoup au groupe d’Europe de Nord par le critère des relations entre
les communes et le centre, l’autonomie financière et les pouvoirs des municipali-
tés selon les critères de Hesse et Sharpe. Mais le nouveau groupe diffère par son
développement historique, caractérisé par une décentralisation assez radicale
après la chute des régimes communistes [Heinelt, Hlepas 2006: 27]. Cette affir-
mation demeure valable pour une classification générale des pays d’Europe cen-
trale, mais ne permet pas une réflexion sur les différences entre les pays compris
dans ce groupe. Ceci est souligné par les conclusions empiriques des auteurs de
la publication référencée infra.
RIMD – n o 2 – 2011
I. Quelles classifications des systèmes municipaux d’Europe centrale et
d’Europe de l’Ouest ?
Les nombreuses divergences qui existent entre les pays de l’Europe occidentale
rendent difficiles l’application des typologies des systèmes des municipalités
européennes de Page, Goldsmith, Hesse ou bien Sharpe aux cas des. Il est encore
plus difficile d’appliquer ces critères aux pays postcommunistes de l’Europe
centrale et orientale.
On constate plusieurs tendances dans les pays d’Europe occidentale : renforce-
ment de la coopération intercommunale, fusion de communes, privatisation de
certains services publics, mise en place du concept de New Public management,
construction des hiérarchies dans les modèles exécutifs, influence européenne et
autres changements et modifications qui impactent le niveau communal considé-
ré comme le premier point de contact des citoyens avec les services publics.
Quant aux pays de l’Est, de grandes différences sont constatées entre la structure
officielle et théorique des institutions locales autonomes et leur fonctionnement
réel. Dans le cas des régions et des municipalités de Russie et d’Ukraine, caracté-
risés par la prédominance de liens verticaux, on peut même se poser la question
de savoir si les élections peuvent encore être considérées comme un critère clé
d’identification des systèmes quasi centralisés [Příhoda 2009: 338-340]. On peut
trouver des différences également au niveau de la participation politique. Tandis
que dans certains pays fédéraux, les représentants élus mettent en œuvre les
demandes des initiatives citoyennes bien avant que le referendum soit organisé,
dans les systèmes communaux de Russie, les électeurs montrent une méfiance
tellement forte envers les représentants des institutions locales autonomes qu’ils
attendent que la solution des problèmes communaux provienne du Président, lui-
même [Ivanova 2009 : 317].
La publication de réseau européen « The European Mayor » [Back, Heinelt,
Magnier 2006] présente un des rares essais de classification des systèmes muni-
cipaux qui s’appuie sur la méthode empirique. Comme il était impossible de
classer la République tchèque, la Pologne et la Hongrie dans les groupes exis-
tants, Nikolaos Hlepas et Hubert Heinelt ont trouvé une solution au problème de
la classification par la création d’un nouveau groupe spécifique : le Groupe
d’Europe centrale et orientale [Heinelt, Hlepas 2006: 27]. Pourtant ce groupe
ressemble beaucoup au groupe d’Europe de Nord par le critère des relations entre
les communes et le centre, l’autonomie financière et les pouvoirs des municipali-
tés selon les critères de Hesse et Sharpe. Mais le nouveau groupe diffère par son
développement historique, caractérisé par une décentralisation assez radicale
après la chute des régimes communistes [Heinelt, Hlepas 2006: 27]. Cette affir-
mation demeure valable pour une classification générale des pays d’Europe cen-
trale, mais ne permet pas une réflexion sur les différences entre les pays compris
dans ce groupe. Ceci est souligné par les conclusions empiriques des auteurs de
la publication référencée infra.
RIMD – n o 2 – 2011

