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20 R e v u ed el ’ I n s t i t u td uM o n d ee td udéveloppement




L a mer couvre notre planète à 73 %. Clin d’œil de la nature, c’est exac-
tement la proportion d’eau – salée d’ailleurs – que nous avons dans le
corps. Notre chère planète pourrait donc légitimement s’appeler la planète
mer.
Il est vrai que l’essentiel des activités humaines s’effectue sur la terre ferme.
Nous y naissons – sauf exception – et en général nous y mourrons. Sauf
accident.
Observons cependant que depuis la Seconde Guerre mondiale et le pas-
sage de l’énergie-charbon à l’énergie-pétrole, les activités manufacturières
se sont déplacées vers la côte. C’est l’industrie au bord de l’eau.
C’est le cas en France comme ailleurs en Europe. La Lorraine ou la Franche-
Comté connaissent une stagnation voire une régression démographique
quand Nantes et la région administrative « pays de Loire » explosent.
Ce qui s’observe en Europe est à l’image de ce qui se passe partout dans le
monde. Là où les consommateurs européens se sont rapprochés des raffine-
ries qui leur transforment le pétrole apporté par des mastodontes marins,
les producteurs chinois se sont concentrés dans la bande côtière, au plus
près des ports d’exportation.
Désormais, 30 % de la population mondiale vit à moins de 200 km des
côtes. Cette proportion dépasse les 50 % à moins de 500 km de la mer. C’est
précisément la portée de l’aviation embarquée sur les porte-avions.
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord tire son nom d’un grand océan.
Pas le plus grand par la taille, mais jusqu’ici celui qui a uni les deux pôles
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les plus développés de l’humanité depuis le XIX siècle : la vieille Europe et
le Nouveau Monde. C’est un lien pour le meilleur et pour le pire. Garant
de prospérité et de libre-échange en temps de paix, il devient un cordon
ombilical de survie en temps de guerre. Puis de renaissance. C’est ce qui s’est
passé après le dernier conflit mondial. Après les chars Sherman libérateurs,
l’Atlantique Nord a porté l’aide du plan Marshall. Il porte les échanges com-
merciaux aujourd’hui. Plus de vingt ans après la fin de la guerre froide, il est
toujours garant de notre liberté.
Jusqu’à ce que Ferdinand de Lesseps creuse le canal de Suez, la Méditerra-
née était un « fjord » de l’Atlantique. Le traité de Washington, signé le 4 avril
1949, constitue l’acte fondateur de l’Alliance Atlantique. Son article 5 est le
plus important, car il exprime le principe de la défense collective. Aussitôt
après, l’article 6 précise la zone où s’applique la clause de défense collective.
Outre le territoire même des états membres, l’Atlantique-Nord (au nord du
tropique du cancer), la Méditerranée et sa propre extension, la mer Noire,
sont comprises dans cette zone.
Points de passage obligés des routes maritimes qui irriguent nos pays, les
détroits ont toujours fait l’objet d’une attention particulière des grandes
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