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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 69
LES COLLECTIVITÉS LOCALES SONT-ELLES DES
ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT ?
Sophia Mappa
Professeure associée à l’Université Paris Est Créteil
Chercheuse au Laboratoire de recherche sur la gouvernance publique
Présidente de DelphAgora
Cet article propose d’approfondir le In this article, the author proposes to
questionnement sur les politiques de further questioning on policy develop-
développement et le rôle que les ment and the role that social sciences
sciences sociales sont appelées à y are called to play. The author examines
jouer. L’auteur s’interroge sur les the conditions under which local au-
conditions dans lesquelles les collectivi- thorities may be involved in develop-
tés territoriales peuvent être des acteurs ment, building on research conducted
de développement, en prenant appui sur in France and in three African coun-
des recherches réalisées en France et tries (Mauritania, Mali and Senegal),
dans trois pays africains (Mauritanie, between 2007 and 2009.
Mali et Sénégal), entre 2007 et 2009.
La question du rôle économique des pouvoirs politiques au niveau local (et cen-
tral) émerge avec force, à la fin des années quatre-vingt, avec les politiques de
gouvernance. Ces dernières (faut-il le rappeler ?) ont été inaugurées par la
Banque mondiale et ont été vite adoptées par l’ensemble des organismes interna-
tionaux, y compris par la Commission européenne. À quelques nuances près, qui
relèvent davantage de la concurrence entre ces organismes que des divergences
de fond, les politiques de gouvernance prônent le primat de l’économique sur le
politique, le retrait de l’État et la régulation par le marché, la décentralisation, la
participation de la société civile dans la prise de la décision politique, etc.
comme remèdes universels de la lutte contre la pauvreté et, plus largement,
comme conditions du développement.
Or ces politiques sont le produit des mutations économiques, sociales, voire
anthropologiques de l’Occident et de la crise globale du système occidental à
laquelle elles se proposent d’apporter des solutions. Notons rapidement comme
symptômes de cette crise la radicalisation de l’individualisme, le délitement du
RIMD – n o 2 – 2011
LES COLLECTIVITÉS LOCALES SONT-ELLES DES
ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT ?
Sophia Mappa
Professeure associée à l’Université Paris Est Créteil
Chercheuse au Laboratoire de recherche sur la gouvernance publique
Présidente de DelphAgora
Cet article propose d’approfondir le In this article, the author proposes to
questionnement sur les politiques de further questioning on policy develop-
développement et le rôle que les ment and the role that social sciences
sciences sociales sont appelées à y are called to play. The author examines
jouer. L’auteur s’interroge sur les the conditions under which local au-
conditions dans lesquelles les collectivi- thorities may be involved in develop-
tés territoriales peuvent être des acteurs ment, building on research conducted
de développement, en prenant appui sur in France and in three African coun-
des recherches réalisées en France et tries (Mauritania, Mali and Senegal),
dans trois pays africains (Mauritanie, between 2007 and 2009.
Mali et Sénégal), entre 2007 et 2009.
La question du rôle économique des pouvoirs politiques au niveau local (et cen-
tral) émerge avec force, à la fin des années quatre-vingt, avec les politiques de
gouvernance. Ces dernières (faut-il le rappeler ?) ont été inaugurées par la
Banque mondiale et ont été vite adoptées par l’ensemble des organismes interna-
tionaux, y compris par la Commission européenne. À quelques nuances près, qui
relèvent davantage de la concurrence entre ces organismes que des divergences
de fond, les politiques de gouvernance prônent le primat de l’économique sur le
politique, le retrait de l’État et la régulation par le marché, la décentralisation, la
participation de la société civile dans la prise de la décision politique, etc.
comme remèdes universels de la lutte contre la pauvreté et, plus largement,
comme conditions du développement.
Or ces politiques sont le produit des mutations économiques, sociales, voire
anthropologiques de l’Occident et de la crise globale du système occidental à
laquelle elles se proposent d’apporter des solutions. Notons rapidement comme
symptômes de cette crise la radicalisation de l’individualisme, le délitement du
RIMD – n o 2 – 2011

