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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 59
nancières. Il convient d’examiner ces deux axes qui incitent à repenser
l’approche du développement.
a) Un nouvel ordre géopolitique
En premier lieu, il importe de souligner que les outils de développement se sont
construits au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans un contexte inter-
national marqué par la prédominance de deux blocs – les États-Unis et l’Union
soviétique – dont les idéologies distinctes pouvaient conduire à l’affrontement.
Cet ordre mondial a considérablement évolué. Le système bipolaire a désormais
laissé la place à l’affirmation de nouveaux blocs, marquant ainsi le passage à un
monde multipolaire.
Parmi les blocs qui se sont affirmés et dont l’impact sur la problématique de
développement doit être pris en considération, figure l’Union européenne. Il est
alors possible de se demander s’il existe un modèle européen de développement.
D’autres économies importantes comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou encore
l’Afrique du Sud ont émergé ou sont en voie de l’être. Cette évolution pose la
question de savoir quelle doit être leur place dans la politique mondiale du déve-
loppement, sachant que ces pays sont eux-mêmes confrontés à la problématique
du développement au niveau national. Cette question en appelle une autre, celle
de savoir si leur philosophie est la même que celle des pays membres de l’Union
européenne, des États-Unis ou du Canada…
Par ailleurs, le passage à un monde multipolaire incite à se demander ce qui reste
des « deux grands ». En d’autres termes, que reste-t-il des anciens leaders ? Y a-
t-il toujours un modèle américain de développement ? La question se pose aussi
avec une acuité particulière pour la Fédération de Russie qui a succédé à l’Union
soviétique, d’autant que la Russie participe au développement des anciennes
républiques soviétiques, ce qui représente une part importante du monde. Il faut
aussi noter que la Russie peut jouer un rôle pivot dans cette zone, en particulier
entre les pays asiatiques et européens. Ce faisant, la question du positionnement
de la Russie est, elle aussi, en suspens à l’heure où celle-ci se trouve à la croisée
3
des chemins entre le modèle européen et l’influence de la Chine .
D’autre part, il convient également de s’interroger sur la place du Japon dans le
développement. Participe-t-il, et dans quelle mesure, au financement de l’aide ?
Le monde multipolaire incite donc à s’interroger sur la participation de
l’ensemble des États au financement du développement et cela, en des termes qui
ne sont plus seulement ceux des relations Nord-Sud. En outre, dans une écono-
mie désormais mondialisée, les problèmes se posent à l’échelle planétaire. Le
financement du développement n’échappe pas à ce nouvel ordre économique
mondial.
3 Sur ce point, cf. Post-Crisis World Institute, Remodeling Europe. Competition. Security. Expansion,
International research paper of the Post-Crisis World Institute, September 2010.
RIMD – n o 2 – 2011
nancières. Il convient d’examiner ces deux axes qui incitent à repenser
l’approche du développement.
a) Un nouvel ordre géopolitique
En premier lieu, il importe de souligner que les outils de développement se sont
construits au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans un contexte inter-
national marqué par la prédominance de deux blocs – les États-Unis et l’Union
soviétique – dont les idéologies distinctes pouvaient conduire à l’affrontement.
Cet ordre mondial a considérablement évolué. Le système bipolaire a désormais
laissé la place à l’affirmation de nouveaux blocs, marquant ainsi le passage à un
monde multipolaire.
Parmi les blocs qui se sont affirmés et dont l’impact sur la problématique de
développement doit être pris en considération, figure l’Union européenne. Il est
alors possible de se demander s’il existe un modèle européen de développement.
D’autres économies importantes comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou encore
l’Afrique du Sud ont émergé ou sont en voie de l’être. Cette évolution pose la
question de savoir quelle doit être leur place dans la politique mondiale du déve-
loppement, sachant que ces pays sont eux-mêmes confrontés à la problématique
du développement au niveau national. Cette question en appelle une autre, celle
de savoir si leur philosophie est la même que celle des pays membres de l’Union
européenne, des États-Unis ou du Canada…
Par ailleurs, le passage à un monde multipolaire incite à se demander ce qui reste
des « deux grands ». En d’autres termes, que reste-t-il des anciens leaders ? Y a-
t-il toujours un modèle américain de développement ? La question se pose aussi
avec une acuité particulière pour la Fédération de Russie qui a succédé à l’Union
soviétique, d’autant que la Russie participe au développement des anciennes
républiques soviétiques, ce qui représente une part importante du monde. Il faut
aussi noter que la Russie peut jouer un rôle pivot dans cette zone, en particulier
entre les pays asiatiques et européens. Ce faisant, la question du positionnement
de la Russie est, elle aussi, en suspens à l’heure où celle-ci se trouve à la croisée
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des chemins entre le modèle européen et l’influence de la Chine .
D’autre part, il convient également de s’interroger sur la place du Japon dans le
développement. Participe-t-il, et dans quelle mesure, au financement de l’aide ?
Le monde multipolaire incite donc à s’interroger sur la participation de
l’ensemble des États au financement du développement et cela, en des termes qui
ne sont plus seulement ceux des relations Nord-Sud. En outre, dans une écono-
mie désormais mondialisée, les problèmes se posent à l’échelle planétaire. Le
financement du développement n’échappe pas à ce nouvel ordre économique
mondial.
3 Sur ce point, cf. Post-Crisis World Institute, Remodeling Europe. Competition. Security. Expansion,
International research paper of the Post-Crisis World Institute, September 2010.
RIMD – n o 2 – 2011

