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Revue de l’Institut du Monde et du Développement | 53

La méthodologie d’évaluation mise en place pour la commission européenne
s’inspire de la proposition qui avait été faite par un groupe d’experts en 2008
(Caputo et alii, 2008), qui consiste à articuler l’évaluation à trois niveaux. Un
premier niveau qui vise à évaluer les intrants fournis par l’aide budgétaire, les
activités résultant directement de ces intrants, et la qualité et l’adéquation des
changements induits par ces intrants dans les systèmes gouvernementaux. Un
second niveau d’analyse qui consiste à analyser les résultats et les impacts des
stratégies publiques (notamment par rapport aux objectifs visés dans le cadre de
l’aide budgétaire). Le troisième niveau d’analyse consiste à essayer de mettre en
relation les éléments du premier et du second niveau, ce qui revient à rechercher
les facteurs de succès ou d’échec des stratégies du gouvernement, en relation
avec l’aide budgétaire.
Malgré son intérêt analytique, cette méthode d’évaluation s’avère souvent assez
difficile à mettre en œuvre. Elle peut cependant fournir un cadre pour guider la
réflexion. Le perfectionnement de cette approche a conduit à s’interroger dans
une première phase sur l’économie politique du pays bénéficiaire pour analyser
les fondements de l’appropriation (notamment, précisément, les relations au sein
du gouvernement entre les ministères en termes de ressources, de pouvoir et de
clientélisme) (voir en ce sens l’évaluation de l’aide budgétaire en Zambie présen-
tée en septembre à un atelier réunissant BMZ /IOB / Sida / AIID/DIE / KfW /
OPM).
L’aide budgétaire est une modalité de l’aide susceptible d’accroître considéra-
blement l’efficacité de l’aide. Il ne s’agit évidemment pas d’une panacée. Elle est
aujourd’hui attaquée de toutes parts, notamment à cause de l’impossibilité de
rendre compte de son utilisation et de l’importance des coûts de transactions
qu’elle engendre. Il est clair que sa mise en œuvre pose de nombreux problèmes,
tels que la bonne utilisation des indicateurs qui servent de déclencheurs. Il faut
certainement éviter d’en faire des usines à gaz.
Dans une optique de développement, l’aide budgétaire est cependant très intéres-
sante, car elle peut éviter au moins deux problèmes majeurs rencontrés dans les
autres types d’aide : la distorsion des choix budgétaires, et le manque de pérenni-
té des actions soutenues par les PTF. Elle permet de développer un dialogue
large sur l’ensemble des politiques publiques, dans la durée. Elle permet égale-
ment de promouvoir une évaluation des politiques publiques fondée sur des éva-
luations objectives. Il paraît donc prématuré de procéder à son enterrement défi-
nitif.

Références bibliographiques

Bergamaschi I., Mali: patterns and Limits of Donor-driven ownership, Global
Governance Program, Oxford University College, Department of Politics and
International Relations, June, GEC WP 2007/31, 2007




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