Page 52 - RIMD_2011-2
P. 52
52 | Aide budgétaire. Requiescat in Pace ?
acteurs nationaux. Par exemple, les OMD peuvent avoir un effet décourageant
dans beaucoup de pays parmi les plus pauvres dans la mesure où ils sont claire-
ment hors de portée, même si des progrès significatifs sont enregistrés. Par ail-
leurs, les objectifs de l’aide budgétaire globale sont souvent fixés en termes
d’inscriptions budgétaires, et non de règlements. Dans des pays où les dépenses
réalisées différent assez sensiblement des dépenses qui figurent au budget, ceci
risque de manquer le but poursuivi.
Ces problèmes ne sont pas spécifiques à l’aide budgétaire, ils concernent toutes
les politiques publiques, et plus précisément le suivi des politiques publiques
dans le cadre de la budgétisation par objectifs. Il existe toute une littérature sur
les qualités que doivent présenter les indicateurs pour pouvoir servir dans ce
cadre (indicateurs SMART, de l’anglais Specific, Measurable, Achievable, Rea-
listic, Time-bound), mais cette littérature n’est que faiblement mobilisée dans le
cadre de l’aide budgétaire – voire pas du tout. C’est un problème pour l’aide
budgétaire globale, mais qui ne fait que révéler un problème général de la diffi-
culté à évaluer les politiques publiques. C’est là que réside l’avantage de l’aide
budgétaire globale : grâce à elle, il est possible, dans une certaine mesure de se
détacher d’une approche étroite centrée uniquement sur les activités financées
par les PTF, poussant à évaluer l’efficacité de l’ensemble des politiques pu-
bliques.
Malgré ces difficultés, l’aide budgétaire présente des avantages importants.
D’abord d’être axée sur les résultats, ce qui limite la focalisation excessive sur
les moyens. Ensuite, de permettre d’aborder dans le dialogue l’ensemble des
questions relatives aux relations entre objectifs, moyens, résultats et impacts.
Ceci donne aux PTF une légitimité pour aborder les questions d’efficacité de la
mise en œuvre des politiques publiques, et notamment les questions de gouver-
nance. Cela permet aussi (mais en grande partie théoriquement seulement)
d’aborder la question de l’analyse d’impact des politiques publiques et de leur
utilisation pour l’élaboration ou la modification des politiques.
B. Évaluation : affronter la complexité
Une avancée importante de l’aide budgétaire globale a été de mettre l’accent sur
les impacts attendus. Ceci a créé une rupture par rapport aux pratiques passées,
qui se contentaient souvent d’une évaluation en termes d’activités, et souvent
même en termes de décaissements, ce qui n’a rigoureusement aucun sens. Il est
clair cependant que l’évaluation de l’aide budgétaire globale sous cet angle est
difficile faute de pouvoir décrire précisément les liens entre intrants, les résultats
et les impacts. Le lien entre l’aide budgétaire globale et les impacts à long terme
est impossible à retracer. Le lien entre l’aide budgétaire globale et les allocations
budgétaires semble plus facile à retracer, mais la fongibilité rend assez illusoire
toute tentative de chiffrage précis.
RIMD – n o 2 – 2011
acteurs nationaux. Par exemple, les OMD peuvent avoir un effet décourageant
dans beaucoup de pays parmi les plus pauvres dans la mesure où ils sont claire-
ment hors de portée, même si des progrès significatifs sont enregistrés. Par ail-
leurs, les objectifs de l’aide budgétaire globale sont souvent fixés en termes
d’inscriptions budgétaires, et non de règlements. Dans des pays où les dépenses
réalisées différent assez sensiblement des dépenses qui figurent au budget, ceci
risque de manquer le but poursuivi.
Ces problèmes ne sont pas spécifiques à l’aide budgétaire, ils concernent toutes
les politiques publiques, et plus précisément le suivi des politiques publiques
dans le cadre de la budgétisation par objectifs. Il existe toute une littérature sur
les qualités que doivent présenter les indicateurs pour pouvoir servir dans ce
cadre (indicateurs SMART, de l’anglais Specific, Measurable, Achievable, Rea-
listic, Time-bound), mais cette littérature n’est que faiblement mobilisée dans le
cadre de l’aide budgétaire – voire pas du tout. C’est un problème pour l’aide
budgétaire globale, mais qui ne fait que révéler un problème général de la diffi-
culté à évaluer les politiques publiques. C’est là que réside l’avantage de l’aide
budgétaire globale : grâce à elle, il est possible, dans une certaine mesure de se
détacher d’une approche étroite centrée uniquement sur les activités financées
par les PTF, poussant à évaluer l’efficacité de l’ensemble des politiques pu-
bliques.
Malgré ces difficultés, l’aide budgétaire présente des avantages importants.
D’abord d’être axée sur les résultats, ce qui limite la focalisation excessive sur
les moyens. Ensuite, de permettre d’aborder dans le dialogue l’ensemble des
questions relatives aux relations entre objectifs, moyens, résultats et impacts.
Ceci donne aux PTF une légitimité pour aborder les questions d’efficacité de la
mise en œuvre des politiques publiques, et notamment les questions de gouver-
nance. Cela permet aussi (mais en grande partie théoriquement seulement)
d’aborder la question de l’analyse d’impact des politiques publiques et de leur
utilisation pour l’élaboration ou la modification des politiques.
B. Évaluation : affronter la complexité
Une avancée importante de l’aide budgétaire globale a été de mettre l’accent sur
les impacts attendus. Ceci a créé une rupture par rapport aux pratiques passées,
qui se contentaient souvent d’une évaluation en termes d’activités, et souvent
même en termes de décaissements, ce qui n’a rigoureusement aucun sens. Il est
clair cependant que l’évaluation de l’aide budgétaire globale sous cet angle est
difficile faute de pouvoir décrire précisément les liens entre intrants, les résultats
et les impacts. Le lien entre l’aide budgétaire globale et les impacts à long terme
est impossible à retracer. Le lien entre l’aide budgétaire globale et les allocations
budgétaires semble plus facile à retracer, mais la fongibilité rend assez illusoire
toute tentative de chiffrage précis.
RIMD – n o 2 – 2011

