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98 | La culture politique locale en République tchèque

tion envers la gestion de la commune (voir aussi la théorie des « chiens dor-
mants » dont parlent Almond et Verba [1989]). La prise de décision concernant
la politique de la commune ou la direction à lui donner se fait, dans la majorité
des cas, en dehors de l’espace politique, c’est-à-dire soit dans le cadre d’autres
activités sociales ou par un contact direct entre les conseillers et les citoyens de
la commune (rencontres publiques avec les citoyens, participation des membres
du conseil dans des établissements culturels locaux, réalisation d’enquête, etc.).
En exagérant légèrement on peut alors affirmer que le modèle fonctionnel de
certains systèmes politiques locaux se rapproche du modèle démarchique de
structure politique, dans lequel la représentation locale ne fait qu’exécuter la
volonté des citoyens locaux et où chaque décision passe par un mécanisme dé-
terminé d’approbation générale par la communauté.
En réalité cependant il est plus probable que la direction des communes apparte-
nant à ce modèle donné de démocratie remplisse sa fonction de telle sorte à ne
pas créer de conflits politiques. Le modèle apolitico-démarchique est donc plutôt
un modèle théorique et en réalité ne se rencontre qu’exceptionnellement. On peut
en effet supposer que dans les communes présentant une vie associative intense
(niveau plutôt élevé de participation civique à la vie publique de la commune et
d’engagement politique) le modèle fonctionnel du système politique concerné va
avoir tendance à se déplacer vers le modèle C, c’est-à-dire vers un pluralisme
plus important. [Èmejrek, Bubeníèek, Èopík 2010: 158-159].
Le modèle consensuel C est représenté par les communes avec un système de
partis pluraliste dans lequel on réussit à mettre en place une stratégie coopérative
pour arriver au consensus. Du point de vue des critères choisis on peut dire des
communes de ce groupe qu’elles représentent une version plus évoluée des
communes du groupe B. ici aussi le but principal des élections est la distribution
des sièges du conseil en vue de la sauvegarde de l’autonomie de la commune. Le
système de partis se distingue certes par son contexte pluraliste, mais néanmoins
on pourrait désigner le type de combat électoral plutôt comme quasi concurren-
tiel que comme compétitif, malgré la participation aux élections d’un nombre
plus élevé de partis. Les résultats des élections ne sont certes pas connus
d'avance, mais ils n’ont que plus ou moins d’importance. Les élections elles-
mêmes rappellent un certain type de jeu collectif, dans lequel le niveau de rivali-
té est à peu près identique à celui qui existe pendant un match de football entre
équipes locales [Čmejrek, Bubeníček, Čopík 2010: 159-160]. Le modèle c’est un
modèle relativement fréquent de démocratie dans les petites communes. Celles
qui répondent à ce modèle se caractérisent par une vie associative intense et donc
aussi par un capital social qui leur permet de surmonter ce qu’on appelle les
dilemmes de l’action collective [voir Putnam 1994, 2001; Šafr, Sedláčková 2006;
Skovajsa 2006]. Prévaut ici la culture politique participative, participation à la
vie publique de la commune et engagement politique se superposent souvent
[voir Čmejrek 2005]. Ce modèle donné se manifeste dans l’espace politique en
particulier par une forte participation électorale et aussi par le type de candida-


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