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158 | Le péril jaune est en nous
être même, représentation démasquant l’amoralité orgueilleuse d’un dieu qui
exulte aussi bien dans cette création que dans cette destruction. De quoi, pour
Nicolas II, être malade de la Jaunisse comme l’illustre Orens qui nous
montre le visage jaune et angoissé du tzar recouvert d’araignées représentant
89
les soldats nippons . Ici, le thème de l’animalité grouillante introduit
l’image de la fourmilière asiatique menaçant de submerger l’Europe en
commençant par la Russie.
XX. La vieille Europe
À l’époque où la guerre russo-japonaise touche à sa fin, Guillaume II
s’inquiète des conséquences de la victoire des Jaunes. Bülow qui tente de le
rassurer, lui écrit : « Pour le moment, nous n’avons pas à craindre la résurrec-
tion de Tamerlan ou de Gengis-Khan. La carte nous montre d’ailleurs que les
premiers qui s’opposeraient à ce danger et qui auraient à lutter contre un péril
jaune éventuel seraient la Russie, l’Angleterre et la France. De ces trois re-
présentants de la race blanche, seule la Russie est actuellement sur le terrain.
En catimini, la France a tiré son épingle du jeu ; l’Angleterre s’est alliée aux
Jaunes. Le déplacement actuel des facteurs de puissance est à mon sens un
appel sérieux à la prudence. Même sans l’intervention de l’Allemagne, des
mesures plus que suffisantes sont prises pour que les arbres jaunes ne mon-
tent pas jusqu’au ciel ». En Occident où l’on continue d’agiter le spectre du
péril jaune, l’image de l’Europe se détériore. Autrefois symbolisée par une
jeune femme forte et sûre de son bon droit, l’Europe nous apparaît mainte-
nant sous les traits d’une vieille femme en haillons sans défense face au dra-
90
gon asiatique .
XXI. Se mangeront-ils le nez ?
Avec la signature du traité de paix à Portsmouth le 5 septembre 1905, les
Japonais obtiennent l’évacuation de la Mandchourie par les Russes, la ces-
sion de Port-Arthur, de Dalny, du chemin de fer de Kharbin et des mines de
fer proches de la voie, ainsi que la moitié de l’île de Sakkaline. Le protectorat
du Japon sur la Corée est reconnu. Grâce à l’intervention des Américains
89 Orens, L'Actualiste satirique, n 3, 1905, Lithographie aquarellée, intitulée Le tzar
Nicolas II malade de la jaunisse.
o
90 Mille, n 42 de L'Arc-en-Ciel 1905 intitulé L’Asie contre l’Europe : un dragon, les
griffes plantées dans la poitrine du tzar, menace une pauvre femme effrayée et vêtue de
o
haillons qui symbolise l'Europe. Dans le n 102 du journal Le Rire du 14 janvier 1905, sur
un dessin signé Es et intitulé Le soleil levant… se lève ! le mikado figuré sous les traits
d’un astre brûlant, darde ses rayons sur le nuage de l’Europe qui s’évaporant, fond comme
neige au soleil.
RIMD – n o 3 – 2012
être même, représentation démasquant l’amoralité orgueilleuse d’un dieu qui
exulte aussi bien dans cette création que dans cette destruction. De quoi, pour
Nicolas II, être malade de la Jaunisse comme l’illustre Orens qui nous
montre le visage jaune et angoissé du tzar recouvert d’araignées représentant
89
les soldats nippons . Ici, le thème de l’animalité grouillante introduit
l’image de la fourmilière asiatique menaçant de submerger l’Europe en
commençant par la Russie.
XX. La vieille Europe
À l’époque où la guerre russo-japonaise touche à sa fin, Guillaume II
s’inquiète des conséquences de la victoire des Jaunes. Bülow qui tente de le
rassurer, lui écrit : « Pour le moment, nous n’avons pas à craindre la résurrec-
tion de Tamerlan ou de Gengis-Khan. La carte nous montre d’ailleurs que les
premiers qui s’opposeraient à ce danger et qui auraient à lutter contre un péril
jaune éventuel seraient la Russie, l’Angleterre et la France. De ces trois re-
présentants de la race blanche, seule la Russie est actuellement sur le terrain.
En catimini, la France a tiré son épingle du jeu ; l’Angleterre s’est alliée aux
Jaunes. Le déplacement actuel des facteurs de puissance est à mon sens un
appel sérieux à la prudence. Même sans l’intervention de l’Allemagne, des
mesures plus que suffisantes sont prises pour que les arbres jaunes ne mon-
tent pas jusqu’au ciel ». En Occident où l’on continue d’agiter le spectre du
péril jaune, l’image de l’Europe se détériore. Autrefois symbolisée par une
jeune femme forte et sûre de son bon droit, l’Europe nous apparaît mainte-
nant sous les traits d’une vieille femme en haillons sans défense face au dra-
90
gon asiatique .
XXI. Se mangeront-ils le nez ?
Avec la signature du traité de paix à Portsmouth le 5 septembre 1905, les
Japonais obtiennent l’évacuation de la Mandchourie par les Russes, la ces-
sion de Port-Arthur, de Dalny, du chemin de fer de Kharbin et des mines de
fer proches de la voie, ainsi que la moitié de l’île de Sakkaline. Le protectorat
du Japon sur la Corée est reconnu. Grâce à l’intervention des Américains
89 Orens, L'Actualiste satirique, n 3, 1905, Lithographie aquarellée, intitulée Le tzar
Nicolas II malade de la jaunisse.
o
90 Mille, n 42 de L'Arc-en-Ciel 1905 intitulé L’Asie contre l’Europe : un dragon, les
griffes plantées dans la poitrine du tzar, menace une pauvre femme effrayée et vêtue de
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haillons qui symbolise l'Europe. Dans le n 102 du journal Le Rire du 14 janvier 1905, sur
un dessin signé Es et intitulé Le soleil levant… se lève ! le mikado figuré sous les traits
d’un astre brûlant, darde ses rayons sur le nuage de l’Europe qui s’évaporant, fond comme
neige au soleil.
RIMD – n o 3 – 2012
